samedi 29 décembre 2007

Brume d'avenir

En cette période de fin d’année, je me sens toujours un peu déstabilisée. Parce que je suis née un 30 décembre, pour moi, cette fin d’année devrait être un début. Mais au lieu de regarder devant, je fais comme tout le monde et je rembobine.

Plus je vieillis et plus je m’inquiète. Pas pour moi. Je suis en bonne santé et assez à l’aise financièrement pour ne manquer de rien; j’ai un emploi stable et mes conditions de travail son enviables; ma fille a traversé le pire de l’adolescence et l’avenir s’annonce plus serein. Finalement, mon copain et moi formons un couple uni et nous n’avons plus besoin de nous prouver constamment que nous tenons l’un à l’autre. Nous avançons.

Alors qu’est-ce qui m’inquiète? Ce n’est pas très original, mais je m’inquiète pour la planète. Et plus particulièrement pour ceux qui l’habitent et qui sont en train de perdre la boule. Nous sommes en danger, c’est trop évident pour le nier. Et pourtant, nous baissons les bras et ne savons pas vers qui nous tourner pour être sauvés.

Ce qui m’a le plus frappée en traversant les tumultes de l’adolescence avec ma fille, c’est que je n’avais pas d’arguments pour contrer le pessimisme qui la poussait à afficher des têtes de mort sur les murs et à choisir Marilyn Manson, célèbre pour ses mutilations, comme idole. Lorsque je lui ai demandé pourquoi les jeunes de son âge affichaient des symboles de mort partout – sur leurs vêtements, leurs sacs d’école et tous les accessoires imaginables –, elle m’a répondu sur un ton tout à fait neutre que c’est parce que nous allons tous mourir et que ça fait jaser.

C’est d’autant plus vrai que certains veulent mourir plus vite que d’autres. Dans son entourage, plusieurs jeunes ont fait des tentatives de suicide et l’un d’eux a réussi. Les autres, heureusement, se sont retrouvés à l’hôpital où on les a remis sur pied avec une thérapie et des anti-dépresseurs. Et j’ai honte de dire qu’une mère, que je connais bien, m’a confié qu’elle refusait que sa fille prenne ses médicaments parce que « ça fait engraisser ». Bon, celle-là je l’aurai toujours sur le cœur, parce que c’est insensé.

Nos enfants ne sont pas dupes. Ils ont compris que la planète sur laquelle ils ont été accueillis n’est pas en très bon état. Ils ont aussi compris que ce n’est pas de leur faute, mais que ce sera eux qui devront réparer les conneries de leurs prédécesseurs s’ils veulent survivre. Pire encore, ils réalisent que les vieux, les aînés qu’il faut soi-disant respecter, se foutent carrément de ce qui arrive et continue d’épuiser les ressources de cette planète sans souffrir du moindre sentiment de culpabilité. De toute façon, nous allons tous mourir… La tête de mort, c’est nous qui devrions la porter sur nos t-shirts.

Il n’y a pas que l’environnement qui m’inquiète. Il y a aussi l’attitude des humains qui continuent à se faire la guerre, à tuer, à violer, à semer la peur autour d’eux. Parmi eux, beaucoup sont prêts à mourir avant l’heure. Beaucoup portent sur leur front le signe de la mort.

Qu’avons-nous donc perdu? Je veux bien regarder l’avenir avec un peu d’espoir. Je ne sais pas trop ce qui pourrait me rassurer. Sentir une véritable volonté se manifester à l’échelle mondiale, peut-être. Nous avons tous l’impression que tout se passe au-dessus de nous et que le simple citoyen n’a pas vraiment de pouvoir. C’est ce sentiment d’impuissance qui me laisse perplexe. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas ce qui va nous arriver, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir.

Malgré ces inquiétudes, la vie continue et les années passent. J’aurai 49 ans demain, et j’espère que je serai entourée de ceux que j’aime pour les célébrer. J’espère que le soleil brillera et que la terre ne tremblera pas. J’invoquerai les dieux pour qu’ils nous protègent et je ferai une offrande pour apaiser leur colère.

jeudi 27 décembre 2007

D'amour et d'humour

La fête familiale habituelle s’est bien déroulée. Le temps était doux et la route était belle. Cette année, toute notre attention était tournée vers ce nouveau membre de la famille, cette petite fille de neuf mois qui s’émerveille et qui nous enchante. Devant la fatigue des parents, parfois un peu impatients, je me remémore ces moments où il faut s’ajuster et où le couple se fragilise un peu pour, selon le cas, mieux se retrouver ou se séparer plus tard. Car c’est vrai que la venue d’un enfant bouscule et met à l’épreuve. Et que dans le monde d’aujourd’hui, on tolère peu et on rejette vite.

Mon copain me faisait remarquer que je me moque souvent de lui et que ça le gêne. Alors, même si je considérais ces moqueries comme bien inoffensives et que j’espérais que son sens de l’humour l’aide à les accepter avec le sourire, j’ai décidé, par respect pour lui, d’arrêter. Comme les vilaines habitudes sont difficiles à perdre, il m’a fallu un certain effort de concentration pour éviter de « sauter sur l’occasion » de l’agacer un peu pendant notre réunion familiale de Noël. J’ai réussi et j’ai respecté la limite que je m’étais fixée. Mais voilà que lui, au contraire, en a profité, alors que mes défenses étaient tombées, pour me piquer à la moindre occasion. J’ai laissé faire. Je me suis dit qu’il avait envie de me tester et de voir si j’allais répliquer. Ce que je n’ai pas fait. Mais dans mon for intérieur, j’ai éprouvé une certaine déception.

Il y a là un côté de la nature humaine que je m’efforce de comprendre depuis bien des années. Deux personnes qui s’aiment doivent-elles constamment se mettre à l’épreuve pour se convaincre de leur amour? Quand je vois ma fille et son copain, continuellement en train de se chamailler pour des « niaiseries », en train de bouder ou pire, de se crier des injures, je ne sais plus dans quel bouquin je dois regarder pour trouver une explication. Le période des Fêtes est une période de stress qui prédispose les couples aux conflits. Alors que tous devraient se réunir dans la paix et l’harmonie, il arrive parfois que les gens se heurtent, se querellent, se blessent.

Au cinéma ou dans la littérature, l’amour est idéalisé. Les images qu’on nous propose ne tiennent pas la route dans la réalité. Et si on se met à rêver d’atteindre ce genre de paradis dans une relation, on risque d’y laisser sa peau. Bien sûr, l’amour est un sentiment puissant, mais chacun le vit différemment. Avec les années, j’ai cessé de chercher l’amour parfait et j’ai plutôt décidé de construire. Pour moi, c’est la meilleure façon d’entrer en relation avec une personne. Le respect, l’attention et l’écoute sont les matériaux sur lesquels je compte. Je sais que ce que nous construisons n’est pas à l’abri de tout. Je sais que même les édifices en béton peuvent s’écrouler. Je sais aussi que les plus forts savent se taire.

samedi 22 décembre 2007

Lire est aussi un cadeau

En terminant d’emballer mes cadeaux tout à l’heure, je me disais que j’étais bien chanceuse d’en avoir si peu à emballer. Probablement parce que je déteste emballer des cadeaux. En fait, j’aurais bien plus de plaisir à en offrir s’il ne fallait pas les emballer. Heureusement que Noël n’arrive qu’une fois par année!

J’offre plusieurs livres à la fille de mon filleul, qui n’a pas encore un an. J’ai décidé de lui en offrir autant que je pourrai, parce que je sais que les livres coûtent cher et je sais aussi combien il est important pour un enfant d’être entouré de livres, ou du moins d’y avoir accès. J’ai commencé à raconter des histoires à ma fille lorsqu’elle avait à peine un an, et je sais que ce simple geste a développé chez elle le goût de la lecture.

J’ai aussi pris plaisir à offrir des livres à des enfants que je ne connais pas, dans le cadre de la campagne La lecture en cadeau de la Fondation pour l’alphabétisation. Il ne faut pas oublier que de nombreux enfants n’ont jamais eu la chance d’avoir un livre tout neuf entre leurs mains, un livre qu’ils pourront garder aussi longtemps qu’ils le souhaitent.

La fin d’année approche et je ne peux m’empêcher de faire le bilan de la mienne. Je suis assez satisfaite de ce que j’ai réalisé jusqu’ici. Je terminerai mon certificat au printemps, et j’envisage de m’inscrire à un autre programme ou à quelques cours pour compléter ma formation. Quand j’en aurai assez d’étudier et que j’aurai plus de temps libre, j’offrirai mes services. D’abord bénévolement, ensuite, j’espère pouvoir en tirer un revenu qui me permettra de voyager plus souvent ou de planifier une retraite moins tardive.

Voilà pour le concret. Je n’ai pas d’autres grands projets pour l’instant. Il faut dire qu’aujourd’hui, je suis plutôt sur le mode « repos et moindre effort ». C’est bien mérité. J’ai beaucoup travaillé et je suis fatiguée.

Hier, au bureau, nous avons fait un repas communautaire où chacun apportait un plat à partager. Nous avons goûté des empanadas chiliens, un couscous algérien, des rouleaux vietnamiens, des fromages français et des trempettes libanaises. J’avais préparé les desserts : un gâteau au gingembre frais et des carrés aux noix. Tout était absolument délicieux. Ce repas rassembleur a clôturé l’année en beauté. Je suis maintenant en vacances jusqu’au 3 janvier. Et je compte bien en profiter.

J’offre mes vœux à tous ceux qui viennent me lire ici ou sur mon blogue Sans parler. J’aimerais bien faire de ce site un lieu d’échanges et de partage. Ne vous gênez pas pour y laisser vos commentaires. Joyeuses Fêtes et à très bientôt !

dimanche 16 décembre 2007

Distractions

J’ai terminé ma session jeudi dernier et j’ai obtenu une note très satisfaisante pour mon travail de session. Je publierai peut-être le texte un de ces jours sur mon blogue Sans parler.

La journée d’hier était un peu spéciale. Mon copain célébrait ses cinquante ans. Nous n’étions pas surpris que les amis déclinent l’invitation à venir célébrer avec nous. En décembre, personne n’a vraiment envie de sortir parce qu’il fait froid ni de dépenser de l’argent pour un souper au restaurant parce que les dépenses du mois ont déjà largement dépassé le budget. Finalement, nous n’étions pas déçus de souper en tête à tête.

Je suis allée au gym en matinée, malgré la fatigue accumulée pendant mes douze jours de travail consécutifs. Je pensais que le cours allait me faire du bien et j’avais raison. C’était un cours amusant où la prof nous a fait danser un rigaudon, ce qui nous a fait réaliser que cette danse est un très bon exercice cardio-vasculaire.

À la fin du cours, nous faisons des étirements. C’est une période de relaxation très bénéfique que j’apprécie énormément. C’est à ce moment que j’ai eu une vision. J’ai vu mon sac de sport dans le casier où je dépose mes effets personnels. J’ai vu mon sac de sport, mais pas mon sac à main. Je me suis dit alors que ce serait affreux de perdre mon sac à main ou de me le faire voler à cause d’une distraction. D’autant plus qu’il y a tout ce dont j’ai besoin dans mon sac à main : les clés de ma voiture et celles de mon appartement, mon porte-monnaie qui contient généralement peu d’argent mais toutes mes cartes bancaires, mes cartes d’identité et mon permis de conduire.

Alors, pendant que je faisais la combinaison pour ouvrir le cadenas de mon casier, je me suis dit que ce serait vraiment affreux si mon sac à main n’était pas là. J’imaginais le pire. Et le pire est arrivé : mon sac n’était pas là. Je me suis précipitée au vestiaire, là où je l’avais probablement laissé dans un moment de distraction. Il n’était pas là. Je suis allée immédiatement à l’accueil. La seule personne présente était au téléphone et je me suis permis de l’interrompre. Elle m’a fait signe d’attendre qu’elle termine son appel. Je suis retournée au vestiaire. Toujours rien. Lorsque la jeune fille à l’accueil a soulevé le sac qu’elle avait déposé derrière le comptoir, j’ai failli m’évanouir. Une gentille dame l’avait apporté, soucieuse de voir un sac à main ainsi abandonné, qui aurait pu très facilement être volé. Comme disait ma fille, c’est dame est un ange et je lui exprime toute ma reconnaissance.

L’honnêteté est une très belle qualité. Et elle existe encore aujourd’hui.

J’ai donc pu offrir un beau souper d’anniversaire à mon copain et bien des tracas ont été évité grâce à ce geste généreux. Le restaurant que nous avions choisi affichait un décor d’une grande simplicité, mais la cuisine était succulente. Le vin que nous avons choisi était parfait. Nous étions ravis.

Ce soir, la tempête ne donne pas vraiment envie de sortir. J’ai tout de même eu le courage de faire un saut à l’épicerie et d’aller conduire ma fille chez son père. Quand je suis rentrée, les chargeuses-pelleteuses s’affairaient à dégager le stationnement. Le conducteur de l'un des engins me voyant arriver a eu la gentillesse de dégager une place pour moi, ce qui m’a évité d’avoir à pelleter la neige pour me stationner. La courtoisie existe encore et je m’en réjouis également.
Finalement, les humains ont de très bons côtés.

vendredi 7 décembre 2007

Insomnie et précipitations

Malgré la nuit blanche que je viens de passer, j’avais encore de l’énergie pour faire l’épicerie et la lessive. Je suis incapable de m’arrêter. C’est si difficile pour moi de me détendre. Tellement difficile que j’arrive à peine à prendre le temps de manger. Trop souvent, j’avale sans réfléchir des aliments vite préparés et je passe à autre chose. Je suppose que ce n’est pas très bon pour la santé.

Justement, parlant de santé, j’ai vu mon médecin mercredi dernier. J’étais tout heureuse d’être la première sur sa liste, mais j’ai vite déchanté quand j’ai vu une autre personne franchir la porte de son bureau avant moi. Ce n’est qu’une heure plus tard qu’il en est sorti. Je suppose qu’il s’agissait d’une urgence, car mon médecin semblait fort préoccupé et m’a même avertie qu’il attendait un appel urgent d’un radiologue, appel qu’il devrait prendre immédiatement, au risque d’interrompre notre entretien pendant quelques minutes.

J’avoue que cette situation m’a mise un peu mal à l’aise, car j’avais l’intention de prendre le temps de discuter avec lui et ce temps venait de m’être volé. J’aurais pu ne pas en tenir compte. Je sentais que mon médecin avait la tête ailleurs. Lorsqu’il m’a donné les résultats des analyses sanguines, qui étaient tous normaux, ça m’a quand même rassurée. Mes inquiétudes ne sont pas toutes disparues. Il faut attendre un an avant de repasser l’ostéodensitométrie et de voir si mon état s’améliore ou se détériore.

J’ai remis mon travail de session jeudi dernier. Quel soulagement! J’ai obtenu une bonne note pour mon synopsis. Quelle joie! J’ai bien hâte à la semaine prochaine pour voir comment sera jugé ce dernier travail pour lequel j’ai mis tellement d’heures. Je n’aurais pas dû. Je sais que bien des étudiants ont rédigé à la hâte ces quatre pages et qu’ils dorment tranquilles. Moi, si je n’ai pas dormi de la nuit, c’est un peu parce que je ne sais pas évacuer le stress. Je sais que d’ici quelques jours, tout ira mieux. Les vacances seront les bienvenues.

L’abondante neige qui est tombée cette semaine commence déjà à fondre. Ce soir, le temps était doux et j’aurais bien voulu aller marcher, avec mon chien. Mais je n’ai pas de chien. C’était pourtant la soirée parfaite pour une promenade. Je n’avais pas envie de marcher seule. Je n’avais pas envie de marcher dans ce quartier que je connais par cœur. Je suis rentrée. J’ai mangé trop vite, je suis allée à la buanderie remplir trois machines et je me suis assise devant l’ordinateur pour écrire.

Je travaille toute la fin de semaine. Vivement les vacances!

dimanche 2 décembre 2007

Je suis ailleurs et je me soigne

Juste un petit mot parce que le temps presse, parce que le temps me manque, parce que même si ma prof dit gentiment que «quand Dieu a créé le temps il en a fait assez», je ne sais pas trop où Dieu l'a mis ce temps-là et je le cherche encore.

Bref! J'ai tout de même pris le temps d'écrire mon témoignage sur mon blogue Sans parler, que je vous invite à aller lire. Ça s'intitule: Tout va bien docteur ?

À bientôt.

vendredi 23 novembre 2007

Occupation double

Je suis préoccupée. Mon esprit est perturbé. J’ai trop de pensées qui trottent dans ma tête. J’ai terriblement hâte de m’arrêter. Et en même temps, je sais que je vais souffrir de ce grand vide qui prend place après cette période d’effervescence où tout va si vite.

Le père de mon amie prend du mieux. Elle est très attentive et généreuse envers lui. Elle lui consacre beaucoup de temps. Une collègue de travail vit actuellement une situation semblable. Son père sort du coma et reprend peu à peu conscience. Il respire avec l’aide d’un appareil, car son réflexe d’inspiration n’est pas rétabli. Il est attaché et branché à ce respirateur et à un tas d’autres appareils, mais il est en vie. Cet homme serait mort il y a quelques années, comme le père de mon amie le serait aussi.

La vie, c’est terriblement précieux.

Pourtant, certains vieillissent moins bien que d’autres. Le taux de suicide augmente chez les aînés et peu de gens semblent s’en soucier. Plusieurs sont isolés et s’ennuient. Certains vivent très pauvrement, particulièrement les femmes, comme cette dame dont les médias ont parlé récemment, à qui on refuse de verser une pension à laquelle elle a pourtant droit. C’est terriblement injuste et honteux que dans une société si riche des enfants et des vieillards vivent encore dans la pauvreté. C’est dans ces moments de haute période de consommation que je pense encore plus à eux.

Hier, l’entreprise pour laquelle je travaille a honoré les employés qui lui sont fidèles depuis plus de dix ans. Un geste qui mérite d’être souligné, car nous sommes plusieurs à faire partie de cette catégorie. Pour ma part, je compte 22 ans de service. C’est beaucoup. Je prépare ma sortie tranquillement, en terminant mon certificat entre autres, et en cotisant à mon REER. Je n’ai pas envie d’être pauvre à ma retraite. Je veux en profiter et vivre bien. Voyager, aider, donner. Les années filent et je sais que j’y arriverai.

D’ici là, je dois continuer à travailler pour terminer ma session. J’ai une idée d’article pour Sans parler, il faudra que je le rédige prochainement.

samedi 3 novembre 2007

Mes amies et moi

Chacune a sa vie. Différente. Des enfants, tous grands maintenant. Bientôt de petits-enfants certainement. Et aussi des parents vieillissants. Le père de mon amie vient de subir un accident vasculaire cérébral. Il est âgé de quatre-vingt-trois ans. L’an dernier, il a subi une chirurgie cardiaque qui lui a sauvé la vie. On le compare à un chat. Il a bien neuf vies celui-là. On lui a déjà diagnostiqué une leucémie. Il n’a jamais fait de chimiothérapie. La maladie s’est volatilisée. Le médecin n’a rien compris. Peu importe, c’est la volonté de vivre de cet homme qui l’a toujours sauvé.

Mais mon amie, aujourd’hui, voit l’esprit de son père s’en aller alors que son corps continue à rester ici. Il perd la tête, comme on dit. Et ça, ce n’est pas facile à vivre. Comme elle me le confiait tristement, nous sommes tous plus ou moins préparés à voir mourir nos parents, lorsqu’ils sont âgés. Mais personne n’est préparé à les voir devenir confus, perdus, incohérents, à les entendre divaguer, délirer, à constater qu’ils ne nous reconnaissent plus, que nous devenons des étrangers pour eux.

L’an dernier, j’ai longuement réfléchi à la pertinence d’opérer un homme aussi âgé, au risque de lui rendre une vie qui aurait perdu tellement de sa qualité qu’elle n’en vaudrait plus la peine. Mais je savais que cet homme tenait à la vie très fort, surtout parce qu’il ne voulait pas laisser sa conjointe toute seule. Elle aussi ne voulait pas le voir partir déjà…
Mais depuis cette intervention, il devient de plus en plus confus.

Mon amie veille son père à l’hôpital et y passe tout le temps qu’elle peut pour prendre soin de lui. Elle veille surtout à ce que les équipes médicales ne s’acharnent pas à le maintenir en vie coûte que coûte. Ils n’ont pas le choix, m’a-t-elle confié, ils doivent nous proposer toutes les interventions possibles et nous laisser décider. Son père refusait les traitements de chimiothérapie et, malgré une tumeur découverte récemment, mon amie a refusé le traitement proposé en son nom.

Mes parents sont décédés très rapidement. Mon père a succombé à une crise cardiaque pendant la nuit à l’âge de cinquante et un ans et ma mère est décédée d’un cancer quelques jours après son admission à l’hôpital. Je ne sais pas comment j’aurais réagi devant une situation semblable à celle que mon amie est en train de vivre. Je la trouve très courageuse et très dévouée.

Cette semaine, nous étions au restaurant mes amies et moi, et de revoir ces belles dames, à l’aube de la cinquantaine ou confortablement installée dans cette décennie, m’a fait le plus grand bien. C’était réconfortant et apaisant. J’aimerais les voir plus souvent. La vie nous joue des tours parfois et nous éloigne trop vite de ceux qu’on aime.

samedi 27 octobre 2007

Écrire sur le bonheur

Développer notre esprit critique est l’un des objectifs du cours auquel j’assiste chaque semaine à l’université. Et la chargée de cours nous y incite fortement, en plus de nous exhorter à nous cultiver pour, justement, amener de l’eau à notre moulin. Parce que, pour argumenter et étayer sa position, il faut pouvoir se référer à quelque chose.

L’esprit critique, je crois que je l’ai toujours eu. La culture, je tends à y accéder et j’ai la chance d’avoir, justement, la possibilité de tremper dans le milieu littéraire où il se passe beaucoup de choses. Par contre, je ne cours pas les musées et je ne vais pas souvent au théâtre. La danse, je m’y suis toujours intéressée, mais les nouvelles tendances me laissent un peu tiède. Je suis une bonne consommatrice de musique, j’achète régulièrement des CD ou je télécharge des fichiers pour lesquels je paie, naturellement. Je vais régulièrement au cinéma et je suis abonnée à deux clubs vidéo. J’aime l’art et je me passionne pour le monde de l’illustration. Je suis curieuse et je me plais à discuter sur tous les sujets.

Alors, lorsque la chargée de cours nous a présenté le sujet de l’examen intra – nous devions rédiger un texte d’une vingtaine de lignes en classe – j’ai été un peu étonnée. Il fallait écrire sur le bonheur. Nous avions une heure pour le faire, ce qui, vraisemblablement, était raisonnable, bien que plusieurs aient manqué de temps pour terminer leur texte.

Lorsque j’ai quitté la classe, ce soir-là, je me sentais terriblement mal à l’aise. Jusqu’ici, j’ai réussi tous mes cours avec de bonnes notes. Mais là, les deux travaux que j’ai remis ont été notés sévèrement. Donc, je m’inquiétais pour cet examen qui compte pour 40 pour cent de la note finale. J’avais, pour la première fois, l’impression que j’allais échouer.

Parce que le but de l’exercice était d’écrire ce qu’est, pour nous, le bonheur. Et dans cette classe, devant cette page blanche, je me suis sentie totalement en manque d’inspiration. Je ne me suis donné ni le droit de me laisser aller ni le temps de réfléchir. J’ai tenté de rédiger un plan rapidement et j’ai commencé à écrire en réalisant très vite que j’étais incapable de le suivre. Bref, ce fut une expérience catastrophique.

C’est dire à quel point j’étais anxieuse de recevoir ma note, et surtout de lire les commentaires sur mon texte. Tout à fait pragmatique, la chargée de cours a rappelé les règles et déclaré que si les consignes avaient été respectées, il fallait s’attendre à une note honnête. C’est ce que j’ai eu. Une note honnête, des commentaires brefs et justes, un résultat somme toute acceptable.

Cette expérience m’a fait réfléchir, justement, sur le sens que j’accorde au bonheur. Et comme par hasard, je suis tombée sur un livre qui traite du sujet de façon particulière. On y raconte que nos gènes seraient responsables à 80 pour cent de notre capacité à être heureux. L’extraversion, la stabilité émotionnelle, l’amabilité et le caractère consciencieux seraient en partie déterminés par nos gênes et constitueraient des éléments déterminants à l’atteinte du bonheur. Pour ce qui est du 20 pour cent restant, c’est là que notre créativité entre en scène…

Quelques affirmations ont retenu mon attention dans ce texte. Par exemple, des psychologues révèlent que « la polarisation excessive sur des projets d’avenir » représente un potentiel de déception susceptible d’entraver l’atteinte du bonheur. Par contre, des recherches ont démontré que « les personnes les plus heureuses sont celles qui parviennent à s’absorber dans des tâches qui mobilisent toutes leurs ressources d’attention, sans penser à demain ni à hier ». Autrement dit, vivre l’instant présent et en savourer chaque seconde en se consacrant à ce qu’on aime. Voilà la clé – ou du moins l’une des clés – du bonheur.

Je pourrais disserter certainement longuement sur le sujet, ironiquement. Parce qu’une petite heure et une vingtaine de lignes m’ont vraiment laissée sur ma faim. Je n’ai pas exprimé, avec sincérité, ce qu’était pour moi le bonheur. Et je ne saurais peut-être pas encore le faire aujourd’hui.

Parce que je suis, fondamentalement, une personne triste. Je ne sais pas si c’est génétique, mais c’est une situation que je gère aujourd’hui très bien. J’ai appris à vivre avec cette petite fille blottie au fond de moi, qui a chaussé trop vite des souliers d’adulte pour marcher dans le monde des grands. Ma consolation, mon grand bonheur à moi, c’est de permettre à ma fille de s’épanouir, et de la voir grandir et franchir les étapes sans avoir besoin de faire des pas de géants.

Le bonheur, je l’entends chanter par Félix Leclerc, je me le laisse raconter par Yvon Deschamps, je le lis dans les livres de Marie Laberge. Au fond, c’est un bien beau personnage.

samedi 13 octobre 2007

Rendez-vous manqué

Les engueulades servent à quelque chose. Elles servent à se positionner par rapport à ses valeurs, à s’affirmer, à se faire respecter. Chacun a le droit de s’exprimer. Chacun a le droit de défendre ses positions et de ne pas céder. Chacun a le droit, aussi, de prendre le temps de réfléchir et de se remettre en question.

La colère est un signe et un moyen de défense. Elle nous indique que quelque chose en nous vient d’être suffisamment heurté pour provoquer un choc. La surprise, la soudaineté de l’événement qui se produit et qui dérange ou perturbe ne nous laissent pas le temps de réfléchir et d’analyser pour modérer notre réaction, qui tôt ou tard devra bien se manifester de toute façon. Alors, lorsque l’étincelle allume la mèche, l’explosion est difficilement évitable.

Voilà une bien belle analyse de ce qui vient de se produire, ce matin, alors que nous visitions le Salon de la formation et de l’emploi, mon copain, ma fille et moi. Nous n’avions certes pas les mêmes attentes et les mêmes besoins, alors nous avons décidé de nous séparer pour la visite. Nous nous sommes donné rendez-vous une heure plus tard à l’entrée. Ma fille et moi avions deux kiosques à visiter ensemble, ce que nous avons fait rapidement. Au premier, petit et modeste, nous avons été accueillies par une conseillère très bien informée qui a répondu à toutes nos questions. C’est ce qui comptait le plus pour ma fille, puisque c’est à ce collège qu’elle veut faire une demande d’admission dans quelques mois. Le deuxième kiosque, fastueux, occupait quatre fois plus d’espace que le premier. Toutefois, la visite nous a permis de constater que dans ce genre d’événement, l’apparence ne vaut rien quand personne ne peut répondre intelligemment à nos interrogations.

Avec des rendez-vous en poche pour une visite à chacun de ces collèges, ma fille avait terminé sa visite et elle m’a quittée pour me laisser le temps de compléter la mienne, me rappelant qu’elle m’attendait à l’heure et au lieu convenus. Une demi-heure plus tard, je la retrouvais sagement assise en train de feuilleter le journal. J’avais complété ma visite et constaté, malheureusement, qu’il manquait l’essentiel à ce Salon, des personnes compétentes et bien informées qui auraient eu réponse à tout. Mais bon, je suis tout de même rentrée avec beaucoup de paperasse et un rendez-vous, moi aussi, à une journée portes ouvertes.

Nous avons discuté un peu et nous avions hâte de quitter cet endroit, alors les quelques minutes de retard que mon copain accusait commençaient à nous agacer. Je suis une personne qui apprécie grandement la ponctualité, et je suis passablement tolérante lorsque quelqu’un, pour une bonne raison, arrive avec dix ou quinze minutes de retard. Nous avons donc attendu quinze minutes. Puis, nous avons décidé de faire un dernier tour du Salon avant de partir. Mon copain discutait tranquillement avec un des exposants, sans se soucier le moins du monde de son retard, feignant même de ne pas se rappeler que nous avions fixé une heure de rendez-vous.

Ben là! Comme dirait Daniel Pinard, y’a toujours ben des limites! Ce n’est pas mon genre de rester calme dans ce type de situation. Un, je déteste attendre; deux, je pardonne difficilement les retards injustifiés; trois, je me mets immédiatement en colère lorsque je constate qu’on me manque consciemment de respect.

Voilà, c’est une situation banale, mais elle a un peu gâché le plaisir de cette sortie à trois. Néanmoins, j’ai passé l’éponge parce que j’ai validé ma réaction auprès d’une tierce personne, en l’occurrence ma fille, qui a comme moi perçu comme un acte fautif la nonchalance avec laquelle mon copain a agit en ne nous respectant pas, elle et moi. La notion de respect est bien peu comprise de la plupart des gens. Un de ses aspects, c’est de ne pas imposer une situation désagréable aux autres lorsqu’elle peut facilement être évitée.

Je sais reconnaître mes erreurs et, aujourd’hui, je sais aussi reconnaître mes besoins. Ce n’est pas anodin. Dans le mot reconnaître, il y a le mot connaître. Il y a les notions d’indentification et de distinction. Il y a cette grande satisfaction de savoir et de comprendre pourquoi on pose tel ou tel geste ou on ressent telle émotion. Ma colère, je la rends légitime parce que je l’explique, je la comprends et je l’exprime modérément. En fait, j’exprime mon désaccord. Je m’affirme, je me mobilise pour me faire respecter.

Voilà une analyse personnelle à laquelle je me livre rarement. C’est important pour moi ce que je viens d’écrire. Et si ça peut aider ou toucher quelqu’un, ce ne sera pas en vain que je l’aurai écrit.

lundi 1 octobre 2007

Elles

J’avais envie d’une promenade par ce beau dimanche ensoleillé. Je suis sortie avec mon livre sous le bras. Je n’ai qu’à traverser la rue pour me retrouver dans un parc, où de grands bancs font face à la rivière. Beaucoup de marcheurs, des personnes âgées pour la plupart, fréquentent cet endroit. On a l’impression de se retrouver dans le village du troisième âge, où les habitants se déplacent un peu plus lentement qu’ailleurs. C’est apaisant et très reposant.

Les bancs sont tous occupés. Sur d’entre eux, j’aperçois deux jeunes filles, presque jumelles, qui se serrent très fort dans les bras l’une de l’autre. Elles semblent terriblement heureuses, comme si elles célébraient des retrouvailles. Puis je les vois s’embrasser. Passionnément. Le spectacle m’intrigue et me gêne un peu. Je m’interroge sur ce malaise. Je m’éloigne, et les jeunes filles disparaissent derrière un arbre lorsqu’un banc se libère, sur lequel je m’installe pour lire.

Je me demande si elles sont parties lorsque je me lève une heure plus tard pour reprendre ma promenade. Puis je les aperçois, un peu plus loin, assise par terre cette fois-ci, sous un saule pleureur. Elles sont toujours enlacées. Elles sont amoureuses. Elles n’ont rien à cacher.

J’ai poursuivi ma promenade dans les rues du voisinage. Je pensais à elles, si libres, insouciantes, si naturelles. Et je me suis dit qu’elles n’avaient aucune raison de ne pas montrer au monde entier que cet amour existe.

dimanche 23 septembre 2007

Casse-tête

Je n’ai guère de temps pour écrire, et pourtant ce ne sont pas les idées qui manquent. Mais mes idées s’embrouillent à cause d’un mal de tête dont je n’arrive pas à me débarrasser depuis ce matin. D’habitude, les analgésiques font effet rapidement, mais là, rien n’y fait. J’ai pourtant bien dormi, malgré la journée d’hier qui n’a pas été très bonne.

Parce qu’elle a commencé sur une mauvaise note. Une discussion qui a mal tourné entre mon copain et moi. Ce genre de matinée où les ondes s’entrechoquent, où finalement nous aurions dû nous taire plutôt que d’argumenter sur un sujet banal alors que ni l’un ni l’autre ne possédait suffisamment de données pour appuyer ses affirmations.

Le choc des paroles prononcées et la peur de perdre, en quelques secondes, ce que nous avons construit ensemble depuis plusieurs années m’ont fait réfléchir sur la fragilité des relations amoureuses et sur l’importance du respect. À vrai dire, il m’est difficile d’évaluer actuellement si de telles discussions nous renforcent ou nous affaiblissent.

C’est peut-être ça, la lourdeur que je ressens dans ma tête actuellement. À observer et à écouter les gens autour de moi, je me rends compte que nous sommes tous extrêmement sévères et critiques envers les autres, mais que nous ne nous interrogeons pas suffisamment sur la force de nos convictions et la solidité de nos valeurs. Nous nous attardons à la forme, rarement au contenu. Nous évaluons les gens et les choses superficiellement, sans prendre le temps d’apprécier. Nous consommons exagérément, achetons et jetons sans nous soucier des conséquences. Les objets comme les gens.

Bon, finalement, mon mal de tête est tenace et j’ai envie d’écrire quelque chose sur le beau spectacle de Björk auquel j’ai assisté vendredi dernier. Rendez-vous sur Sans parler.

samedi 15 septembre 2007

Réflexion sur l'avenir

Ayant perdu mon père très jeune, j’étais souvent impressionnée par les hommes plus âgés quand j’étais adolescente. Un soir, devant une bière que je sirotais en compagnie d’un professeur grisonnant et très bel homme, celui-ci me fit une remarque que je n’ai jamais oubliée. Alors que je lui demandais pourquoi il souriait en me regardant, il me dit qu’il était en train d’imaginer ce que je deviendrais plus tard... Mais dans le brouhaha du bar où nous nous trouvions, je n’ai jamais pu poursuivre la conversation qui fut interrompue. Depuis ce temps, je me demande encore ce qu’il voyait.

Je repense souvent à ce moment où quelqu’un a vu en moi quelque chose que je ne percevais pas moi-même. Il m’arrive parfois d’avoir la même attitude devant ma fille, car le temps est venu pour elle de penser à son choix de carrière et trouver sa voie. Même si la belle est très entêtée et persiste à affirmer qu’elle veut faire du design de mode, je vois pointer en elle de nouveaux intérêts qui se développeront certainement au fil des ans.

À l’université, je constate que beaucoup de jeunes adultes s’orientent vers une autre carrière, alors qu’ils viennent de réaliser qu’ils n’ont pas fait le bon choix. Pourtant, aujourd’hui, ce ne sont pas les choix qui manquent ni les ressources pour aider les jeunes à faire le bon, justement. Mais je sais très bien que pour certaines personnes, apprendre à se connaître et découvrir ses véritables intérêts et ses passions est un processus très lent et parfois douloureux.

La première grande déception que j’ai eue dans ma vie, c’est de réaliser qu’à cause de mon physique, je ne pourrais jamais être danseuse de ballet. Toute petite, c’était mon plus grand rêve. Dès l’âge de cinq ans, j’ai pris des leçons de danse et j’ai vite compris, en regardant les autres petites filles et en subissant les regards amusés des professeurs, que la petite boulotte que j’étais ne correspondait pas au stéréotype de la ballerine longiligne et gracieuse. Et pourtant, j’aurais tellement voulu qu’une fée vienne me transformer pour pouvoir enfin chausser des pointes et porter un tutu…

Bon, voilà bien le propre du journal. On commence à écrire et on ne sait pas toujours où ça va nous mener…

Donc, maman poule regarde bébé poule et souhaite ardemment qu’elle fasse le bon choix, c’est-à-dire le choix qui la rendra heureuse sans qu’elle se frappe à un mur qui l’empêche d’avancer. Mais je suis prête à accepter les essais-erreurs et quoi qu’il advienne, je l’encouragerai toujours de mon mieux.

Mon deuxième cours a été aussi concluant que le premier. Nous avons discuté de l’actualité, autant sportive que politique, et de la façon que les médias abordent différents sujets. Nos discussions nous ont menés à des conclusions qui demandent réflexion. Ça tombe bien, j’adore réfléchir!

samedi 8 septembre 2007

Les mains sales

Cette semaine, c’était mon tour de retourner en classe. J’appréhendais un peu ce moment, déçue par certains de mes derniers cours et surtout par la non participation des étudiants. Mais cette fois-ci, je crois que ce sera différent. J’ai été charmée à la fois par la chargée de cours et l’ensemble des étudiants qui, pour la plupart, sont tout comme moi en fin de parcours et très motivés. Après s’être gentiment présentée, avec une pointe d’humour qui n’a rien gâché, la chargée de cours nous a invités à faire de même. Chacun des étudiants s’est donc présenté brièvement, ce qui m’a permis de constater que les études sont une passion pour plusieurs et que l’âge ou la situation sociale n’empêchent personne de poursuivre son but. C’est réjouissant et très stimulant!

Ce cours m’obligera à me plonger dans les médias écrits, les journaux entre autres, que j’avais plutôt délaissés en faveur de l’Internet, que je trouve beaucoup plus pratique à consulter. En me replongeant dans La Presse aujourd’hui, j’ai constaté que les journalistes n’ont pas d’autre choix que de se coller à l’actualité. Mais qu’est-ce que l’actualité? Ou plutôt, comment choisit-on dans l’actualité les sujets dont on doit parler?

C’est dommage, mais je constate que les journalistes manquent d’imagination. Même Foglia reconnaît que ses collègues ont déjà tout dit sur les sujets qu’il aurait souhaité traiter dans sa chronique et finit par conclure, pour être original, que Pavarotti était un gros con… Non mais! De la part d’un Italien en plus, il y a de quoi s’étonner!

J’en aurais long à écrire sur ce que je pense des médias en général, mais ce sujet fera peut-être l’objet d’une chronique sur Sans parler, où il serait un peu plus à sa place. Néanmoins, me remettre le nez dans les journaux ne pourra pas me faire de tort et aiguisera certainement mon sens critique et mon esprit analytique. C’est le but après tout. Je ne peux tout de même pas m’empêcher de me rappeler les paroles de cette chanson de Diane Dufresne, qui n’aime pas beaucoup les journalistes, chaque fois que je feuillette le journal : « C’est sûrement pour ça, qu’à lire le journal, on a les mains sales. »

Les étudiants étaient nombreux dans les bars ce jeudi soir de fin d’été. L’ambiance était aux retrouvailles et à la fête. J’ai le regret de ne pas avoir connu ça à leur âge, forcée de plonger dans le marché du travail pour sortir du milieu familial où j’étouffais. C’est pour cette raison que j’encourage ma fille à ne pas abandonner. Même si le retour aux études est possible à tout âge, la jeunesse est le meilleur moment pour accomplir cette étape importante qui permet de choisir en toute liberté ce vers quoi on orientera sa vie future.

« Êtes-vous heureux dans votre travail? », nous a demandé la chargée de cours. La plupart ont répondu oui… mais. Ce retour aux études ou ce changement d’orientation permet d’envisager une nouvelle voie, une plus grande liberté de choix. Pour la plupart d’entre nous, c’est une bonne raison de continuer.

lundi 3 septembre 2007

Promenade

J’ai un orteil qui me fait souffrir. Pourtant, mes souliers de marche sont très confortables. Même si nous avons marché plusieurs heures hier, nous n’avons découvert qu’une partie du parc d’Oka. Au retour de notre randonnée débutée tôt le matin, la plage était bondée. J’avoue avoir été étonnée que l’endroit soit devenu si populaire. Il faut dire que le site est très bien entretenu et que la nature est agréable à observer.



Et puis, on a pensé à accommoder les visiteurs, en leur offrant de nombreux emplacements pour pique-niquer, mais aussi une cafétéria pour ceux qui, comme nous, n’ont pas apporté leurs victuailles. Nous étions affamés et heureux que, malgré l’évidente popularité des poutines et des hot dogs, on offre aussi des sandwiches et des yogourts aux fruits.

Il y avait aussi un concours de châteaux de sable sur la plage...



Le soleil a brillé tout au long de cette longue fin de semaine, et c’est tant mieux. Sentir sa chaleur nous réchauffer encore au mois de septembre est un précieux privilège et il ne faut pas s’en priver.

Samedi soir nous avons soupé chez ma sœur, sans les enfants, ce qui arrive rarement et qui nous permet d’avoir des conversations plus intimes et moins souvent interrompues. Nous avons pensé, ma sœur et moi, organiser une nuitée dans une auberge pour retrouver nos amies d’enfance que nous voyons trop rarement. L’automne serait un beau moment pour créer l’événement. Au pire, ça se résumera à un souper, mais j’espère que ce projet pourra se réaliser, malgré toutes les contraintes que nos occupations et nos situations respectives nous imposent. Avant l’hiver.

Plus j’avance en âge et plus la saison froide me pèse. J’aimerais tellement aller vivre là où il fait toujours chaud. Je comprends ces retraités qui passent l’hiver en Floride. Quelle chance ils ont ! D’ici là profitons des belles journées qui viendront encore, je l’espère…

mardi 28 août 2007

Comme des papillons

C’est la rentrée des classes demain pour ma fille. Je crois bien qu’elle est prête. Ce sera une belle année, la dernière du secondaire. Elle aura des cours de chant et j’ai terriblement hâte de connaître les commentaires de son professeur quand il aura entendu la belle voix de soprano qu’elle a. Bien sûr, ma fille se trouve « poche » et affirme qu’elle chante mal, mais mon petit doigt me dit qu’elle ne s’est pas inscrite à ce cours pour rien. Quelque part à l’intérieur d’elle-même, elle sait qu’elle a un beau talent.

L’estime de soi s’acquiert avec le temps, je suppose. Je suis bien désemparée lorsque j’entends les jugements sévères que porte ma fille envers elle-même. Est-ce pour se faire rassurer qu’elle se dénigre continuellement ? Je suppose qu’il y a un peu de ça.

Nous avons eu justement ce midi, mes copines et moi, une discussion qui tournait un peu autour de ce sujet. Introspection, questionnement, maladies psychosomatiques, héritage génétique pouvant laisser des traces bien plus profondes qu’on ne le croit, tous ces sujets ont virevolté comme des papillons autour de nous, laissant chacune un peu perplexe. Nous avons manqué de temps pour approfondir, et c’est là l’un des désavantages de n’avoir qu’une heure de pause pour dîner.

Ces jeunes femmes dans la trentaine n’ont pas le même vécu que moi; j’ai tout de même presque vingt ans de plus, moi qui approche sereinement la cinquantaine. Et ces vingt ans m’ont permis de « régler certains dossiers » qui sont encore inachevés chez elles. Je ne joue pas à la conseillère et j’écoute attentivement ce que chacune a à dire, souvent sans intervenir. Il est bien difficile, pendant nos journées de travail, de nous approcher suffisamment l’une de l’autre pour développer de véritables relations d’amitié. Il faudrait nous voir plus souvent en dehors des heures de travail. Ce que nous ne faisons que rarement, chacune ayant une vie bien remplie. C’est comme ça.

Et puis, sincèrement, je n’ai pas réellement envie d’aller plus loin. Car je sais que dans mon milieu de travail, ces jeunes ne sont souvent que de passage. Pas envie de m’attacher et d’être déçue. Et puis, au fond, j’accepte désormais beaucoup plus sereinement ces départs vers d’autres horizons. Je prépare déjà ma préretraite en terminant mon certificat de rédaction cette année… Ce sera mon tour, un de ces jours.

samedi 25 août 2007

Respirer

Ma fille a subi une opération en début de semaine, une septoplastie, pour corriger une sévère déviation de ses fosses nasales, qui l’empêchait à toute fin pratique de respirer par le nez. Tout s’est bien déroulé et la jeune fille se porte bien. Elle pourra même retourner à l’école dès la semaine prochaine, mais elle est exemptée d’éducation physique pour trois semaines, ce qui la réjouit.

Cette courte visite à l’hôpital m’a rappelé le long séjour qu’elle y avait fait il y a quelques années, après une appendicectomie compliquée par une péritonite. Mais là, en suivant la civière sur laquelle on la transportait pour la mener en salle de chirurgie, je savais bien qu’elle ne souffrait pas, qu’elle n’était pas malade, que tout serait pour le mieux. Je me suis tout de même précipitée à la salle de bains pour laisser échapper les larmes que j’avais retenues devant elle. Je suis ensuite aller marcher, en regardant constamment ma montre pour ne pas rater l’heure prévue de l’opération et celle de son retour en salle de réveil. Chaque minute, mes pensées allaient vers elle et j’avais hâte de la retrouver.

Lorsque je suis retournée dans la salle des chirurgies d’un jour à l’heure qu’on m’avait indiquée, elle était déjà là et dormait profondément, un léger pansement sous son nez. Pas d’atèle, pas de « nez de clown » contrairement à ce qu’on m’avait prédit. Un peu de sang imbibait le pansement, tout au plus. Le baiser que j’ai déposé doucement sur son front l’a fait sursauter. Elle est demeurée éveillée quelques minutes; elle avait soif, mais elle ne pouvait pas boire. Je m’inquiétais des moindres signes de douleur ou de complication – à un certain moment du sang s’est échappé de son œil – alors que l’infirmière n’était aucunement troublée par ce qu’elle qualifiait de « tout à fait normal ».

Désormais, ma fille pourra respirer. Je suis persuadée qu’elle dormira mieux, souffrira moins souvent de maux de gorge et percevra mieux les odeurs d’ici peu. Elle revoit le chirurgien dès lundi, mais il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Moi aussi, je peux dormir tranquille.

Voilà l’événement notable de la semaine. Je dois aussi souligner un anniversaire important. Le 17 août dernier marquait ma cinquième année de victoire contre la cigarette. Je suis non fumeuse depuis cinq ans, et je n’en reviens pas moi-même. Je suis consciente que je ne serai jamais à l’abri de la tentation, encore plus depuis que j’ai constaté récemment que mon beau-frère vient de recommencer à fumer après plusieurs années d’abstinence, et que mon neveu s’affiche désormais avec une cigarette sans la moindre retenue, lui qui fumait en cachette parce qu’il avait honte.

Aujourd’hui, alors qu’au Québec il est interdit de fumer pratiquement partout, je me réjouis d’être libérée de cette dépendance. Et j’avoue regarder d’un œil sévère les personnes qui fument même à l’extérieur, particulièrement celles qui ne respectent pas la distance minimale imposée devant l’entrée d’un hôpital. Cette semaine, j’ai constaté que les panneaux ne suffisent pas, il faudrait infliger des amendes à ceux qui ne respectent pas les malades, qui ont terriblement besoin de respirer…

lundi 13 août 2007

Passionnément

Au cours de la soirée d’anniversaire de mon neveu, nous avons eu, lui et moi, une discussion passionnée sur un sujet assez délicat. Lui, tout comme moi à son âge, ne se gêne pas pour dire ce qu’il pense sans crainte de blesser, de provoquer, ou même de faire erreur en portant certains jugements un peu hâtifs.

À la suite de cette discussion, j’ai compris qu’il lui manquait beaucoup d’éléments dans son dossier, ce qui expliquait en partie son attitude un peu arrogante. Toutefois, je lui ai fait fermement comprendre que j’attribuais à son manque d’expérience et à sa jeunesse cette fougue orageuse qu’il mettait dans ses accusations, et je lui ai reproché de ne pas avoir posé préalablement les bonnes questions pour justifier ses propos.

Je sais, ce que j’écris n’est pas très clair, parce que je n’ai pas envie d’entrer dans des détails personnels. Mais ce que je peux dire, c’est que j’ai été étonnée et un peu déçue de la facilité avec laquelle ce jeune homme portait sur sa mère et moi un verdict de culpabilité sans jamais avoir eu la décence d’ouvrir une discussion franche sur des détails de notre vie familiale.

Il a avoué, finalement, ne pas trop connaître l’histoire de notre famille et s’en est dit un peu déçu. Pourtant, il n’avait qu’à demander et nous aurions été certainement heureuses de répondre à ses questions.

À son âge, j’avais aussi tendance à condamner sans réfléchir. Je le lui ai dit. Je lui ai dit qu’il me ressemblait beaucoup et qu’à cause de cela, je pouvais comprendre et pardonner. Parce que je sais que sa pensée est encore « verte », qu’elle manque de références et de repères pour bien s’organiser. Le temps fera le reste.

Nous avons passé une belle soirée en famille et cette discussion n’a rien gâché. La journée du lendemain, que j’ai passée avec ma copine, a été tout aussi agréable. J’étais particulièrement heureuse de pouvoir me rafraîchir dans l’eau de sa grande piscine, tout en admirant les magnifiques fleurs qu’elle a plantées tout autour. Comme d’habitude, elle nous a cuisiné un délicieux repas et nos conversations ont porté sur des sujets variés sans s’aventurer dans des sentiers trop personnels. C’est une remarque que je me suis faite un peu plus tard, en réfléchissant à cette soirée. Je me disais que nos conversations d’adolescentes étaient beaucoup plus intimes à l’époque. Je suppose qu’avec le temps, une certaine distance s’est installée.

Hier, notre visite au Festival des vins nous a totalement charmés. Nous avons fait de belles découvertes. J’ai été très étonnée de l’abondance des vins en dégustations, qui nous a permis de découvrir, entre autres, les vins libanais, que je ne connaissais pas et dont les qualités m’ont agréablement surprise. Nous avons pris des notes et appris beaucoup. Je me sentirai certainement désormais plus à l’aise pour choisir un vin et je n’hésiterai pas à demander conseil au besoin. Les importateurs de vins et les producteurs sont des gens passionnés, et c’est un plaisir de découvrir leurs produits. J’ai déjà hâte au prochain Festival…

mardi 7 août 2007

Vous avez six nouveaux messages

Il arrive qu’il n’arrive rien, il arrive que tout arrive en même temps. Je rentre du gym ce soir, un peu exténuée à cause de la chaleur, un peu impatiente parce que j’ai demandé que l’on prépare le renouvellement de mon abonnement – un tas de paperasse et quelques documents à signer – pendant que je m’entraînais, ce qui me fut refusé, sous prétexte qu’on avait des questions à me poser. La jeune fille qui a fait le travail l’a très bien fait. J’ai refusé les offres habituelles, qui finissent toujours par augmenter inutilement le coût des services, et j’ai signé les papiers. On ne m’a pas vraiment posé de questions.

Donc, je rentre du gym et six messages m’attendent sur le répondeur. Ma copine qui veut m’inviter à souper samedi, ma sœur qui m’indique ce que je dois apporter pour le souper de vendredi, où nous allons célébrer l’anniversaire de son fils, ma fille qui me dit que finalement je n’aurai pas besoin de raccourcir sa robe pour le mariage de sa cousine, elle la portera telle quelle, ma sœur qui avait oublié un détail sur son précédent message et mon cousin qui me rappelle que nous avons rendez-vous jeudi chez l’avocat.

Je prends le temps d’avaler mon chili avant de retourner les appels, pas tous heureusement, seulement ceux qui demandent un suivi. Je confirme avec Judith le souper de samedi, même si j’avais prévu aller au Festival des vins cette journée-là. J’irai dimanche, je croise les doigts pour qu’il fasse beau. J’ai bon espoir d’y trouver un vin ontarien particulièrement délicieux et d’en rapporter quelques bouteilles pour offrir en cadeau (bien sûr que j’en achèterai pour moi aussi). Donc, au souper de vendredi qui était déjà prévu s’ajoute celui de samedi, entre filles, chez ma copine.

Je rappelle ensuite ma sœur, à qui je devais confirmer quelques détails, mais au fil de notre discussion, on chamboule tout le programme pour simplifier les choses. Tout reste à confirmer, mais j’en conclus que le vendredi n’est pas la soirée idéale pour organiser une fête, lorsque tout le monde travaille. Bref, on fera ce qu’on peut.

Demain je vais au cinéma, voir le film Pars vite et reviens tard, jeudi je vais chez l’avocat, en espérant un règlement dans la cause de la succession de ma tante, vendredi je vais chez mon neveu, célébrer son vingt-sixième anniversaire, samedi je vais souper chez ma copine et dimanche j’irai au Festival des vins.

Ben voilà, j’appelle ça un agenda bien rempli.

Ah oui! le sixième message ? Je n'ai jamais su qui c'était, la personne a raccroché...

dimanche 5 août 2007

Ciel variable

Il y a des moments où je me sens tellement bien que je me demande quel élément chimique agit de la sorte sur mon cerveau. Si je le connaissais, je pourrais chercher à le reproduire et faire en sorte que cet état de bonheur persiste le plus longtemps possible. Certaines personnes, dépressives ou anxieuses, font usage de médicaments qui ont cet effet, ou un effet similaire. Je ne voudrais pas être obligée, un jour ou l’autre, d’user de ces substances pour combattre un état dépressif. Mais c’est rassurant de savoir que ça existe.

Et puis, quelques jours passent et cet état de presque euphorie se dissipe, pour faire place à un habituel état dit « plus normal », où se succèdent en alternance les moues boudeuses devant les tâches quotidiennes à accomplir et les grands soupirs de bien-être qui accompagnent une réflexion agréable ou simplement des moments précieux. Comme hier soir, sous un ciel sans nuage, où nous pouvions observer les étoiles.

Nous étions chez des amis, des parents plutôt, du côté de mon copain. Une belle petite famille moderne, deux enfants nés de mère différentes dont le père habite maintenant avec une nouvelle femme qui voudrait bien, elle aussi, avoir un enfant pour peupler leur nouvelle maison. Mais le père, qui a déjà deux ex, n’a pas très envie d’envisager ce projet pour l’instant. L’achat d’une maison ne garantit pas la stabilité d’un couple, j’en sais quelque chose.

Il y avait justement, parmi les invités à cette petite fête, deux jeunes hommes dans la trentaine nouvellement célibataires. Ce qui m’a rappelé que mes copines du même âge sont, elles aussi, célibataires et ont bien du mal à trouver quelqu’un digne d’intérêt ou qui s’intéresse à elles… Les filles dans la trentaine ont envie d’avoir des enfants, les hommes de cet âge ne sont pas toujours prêts. C’est peut-être ce qui explique ce phénomène grandissant de couples composés de jeunes femmes et d’hommes dans la cinquantaine, qui acceptent facilement de faire des bébés à leur nouvelle conquête, si ça peut lui faire plaisir… Là encore, c’est bien utopique de croire que cet enfant viendra solidifier un couple hors norme où les deux parties rêvent de choses bien différentes…

Il y avait aussi une jeune mère dont le comportement auprès de son conjoint m’a fortement étonnée. Elle agissait un peu comme une femme de la génération de ma mère, veillant à ses moindres besoins, lui servant du vin dans son verre, s’inquiétant de la cuisson du poulet et du bon goût de sa marinade. Elle m’a semblée terriblement soucieuse, à l’affût du moindre commentaire du mâle sur le repas qui venait de lui être servi. Je revoyais mon propre père qui rentrait du travail assez tard et qui s’installait la plupart du temps devant un plat gardé au chaud, alors que nous avions tous déjà mangé. Cette scène m’a troublée, à la fois parce que j’avais l’impression que cette fille était terrorisée à l’idée de décevoir « son homme » et parce que lui semblait totalement désintéressé. Il regardait son assiette et son verre, mais ne la regardait pas elle. Troublant.

Au cours de cette soirée, nous avons beaucoup parlé des enfants. Des difficultés scolaires particulièrement. Certains enfants ont la chance d’être très encadrés et de pouvoir surmonter leurs problèmes avec l’aide de professionnels. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Les jeunes qui abandonnent les études très tôt sont nombreux. Je remercie le ciel que ma fille soit suffisamment motivée pour poursuivre les siennes. Et je crois que j’y suis quand même pour quelque chose…

samedi 28 juillet 2007

Tenir le rythme

Retour au travail, routine habituelle. À la différence que cette année, ma fille suit le rythme, puisqu’elle travaille elle aussi. L’été dernier, elle avait sombré dans un état léthargique inquiétant; elle dormait toute la journée et ne faisait rien qui vaille. Aujourd’hui, elle m’a même suivie au gym! Un samedi matin! Je ferai une croix sur le calendrier…

Elle m’a suivie, c’est le cas de le dire. Elle s’amusait à imiter tout ce que je faisais, suivant mon parcours et exécutant les mêmes exercices. Mais surprise! Elle a eu du mal à tenir le rythme et à lever des haltères aussi lourds que les miens. Je me moquais un peu d’elle et j’étais aussi fière de constater que mon entraînement, plus rigoureux et plus constant que le sien, avait porté fruits.

Je ne suis pas inquiète, elle est en pleine forme et elle a envie de continuer à s’entraîner parce que, tout comme moi, elle constate les bienfaits de l’exercice tant sur le plan moral que physique. Et ces moments où nous nous retrouvons toutes les deux à faire une même activité sont précieux pour moi, car nos échanges se font de plus en plus rares. Sa présence auprès de son copain, son travail et ses amis prennent tout son temps et c’est bien normal. Mais si nous avons perdu en quantité, nous avons largement gagné en qualité. Et n’est-ce pas ce qui compte le plus?

Je lui disais justement aujourd’hui que je sentais que la tempête de l’adolescence se dissipait peu à peu et que ça me faisait le plus grand bien. Elle a rétorqué que tout était dans ma tête, mais je suis persuadée qu’elle comprend ce que je veux dire et qu’elle aussi se sent beaucoup mieux à présent.

Au travail, les tensions se sont elles aussi apaisées. La période des vacances est bénéfique pour tout le monde. J’aime bien travailler seule et profiter de l’absence des collègues et du silence qui s’installe dans les bureaux pour faire avancer des dossiers qui autrement prendraient inévitablement du retard. Je termine ma journée satisfaite du travail accompli et je ressens moins de stress. Mais je sais que ça ne durera pas. Malheureusement. Il faudra bientôt augmenter la cadence, supporter les humeurs changeantes et palier le manque d’organisation avec patience et en gardant le sourire. J’ai l’habitude. En bon petit soldat bien entraîné, je saurai là aussi tenir le rythme.

vendredi 20 juillet 2007

Fraises, framboises et vie en rose

C’est sous le soleil de mercredi dernier, très peu présent le reste de la semaine, que je me suis promenée au marché, récoltant ici et là de beaux légumes et surtout de beaux petits fruits dont je raffole, des fraises et des framboises fraîchement cueillies.




Je me suis aussi permise d’aller fouiner une petite heure dans une librairie de livres usagés. À ma grande surprise, celle-ci était parfaitement tenue et l’endroit offrait un large choix de volumes assez récents, dans toutes les catégories.

Je suis repartie avec Le bon usage et un Dictionnaire de la langue québécoise, que j’ai eus à moins de la moitié du prix de détail suggéré pour des livres neufs. J’ai dû recoller la couverture du Grevisse, mais l’autre était en parfait état. Ces livres ont rejoint les autres grammaires et dictionnaires sur l’étagère de ma bibliothèque réservée à cette précieuse catégorie d’ouvrages.

J’ai justement reçu cette semaine quelques textes à corriger, et j’ai profité des jours de pluie pour faire le travail. J’ai aussi profité de cette journée pluvieuse d’aujourd’hui pour aller voir le très beau film La Vie en rose, qu’un cinéma « de répertoire » près de chez moi offrait toujours dans sa programmation.

Tout au long du visionnement du film, je pensais à ma copine Judith, qu’on surnommait justement Piaf, non seulement parce que son prénom faisait penser à Édith, mais aussi parce qu’elle adorait cette grande artiste.



Je savais qu’Édith Piaf avait eu une vie difficile, mais ce film m’a fait ressentir profondément les émotions qui ont façonné ce personnage à la fois énigmatique et infiniment attachant. J’ai pensé au bonheur, à la souffrance, à l’amour, à la vie et à la mort. Ces mots, ces grands mots qui traversent l’existence de tous les humains. Et je me suis dit que le bonheur est comme une luciole, une petite étincelle qu’on aperçoit de temps à autre, qui brille intensément, qui passe très vite, et qu’on risque souvent de rater si on n’y porte pas attention.

Au retour à la maison, un message sur mon répondeur m’attendait. C’était ma Piaf qui demandait de mes nouvelles…

lundi 16 juillet 2007

À quoi je sers ?

C’est bien quand on est en vacances qu’on se rend compte que le travail occupe une (trop?) grande place dans notre vie. Il détermine l’heure à laquelle nous nous levons et nous couchons, les vêtements que nous allons porter, l’endroit où nous allons habiter, le mode de vie que nous allons adopter selon le revenu qu’il nous rapportera.

Et aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, je me sens totalement inutile. Je suis allée me promener dans un quartier de Montréal où j’espérais trouver un peu de vie, un peu de distraction. C’était si moche que je suis revenue encore plus déprimée. Bien fait pour moi, j’aurais dû prendre la direction de la campagne et aller chanter avec les oiseaux.

Mais ce matin, je n’avais tout simplement envie de rien. Il faut dire que j’ai très mal dormi et que même après que mon copain et ma fille eurent quitté l’appartement pour se rendre à leur travail respectif, je n’ai pas pu me rendormir. Je suis restée figée devant la télé, jusqu’à ce que l’idée me prenne d’aller faire un tour en ville.

J’ai arpenté les rues en m’arrêtant à quelques boutiques, toutes semblables, toutes affreusement garnies des mêmes vêtements qui ne valaient pas le prix de liquidation affiché dans la vitrine. Déprimant à souhait.

Au retour, j’ai rêvé d’un lac où me baigner, un lac sans algues bleues, sans pollution. Je pense que demain je ne resterai pas en ville…

samedi 14 juillet 2007

Auberges d'hier et d'aujourd'hui

Il y a quelques années, je fréquentais les bases de plein air. À l’époque, elles étaient nombreuses et avaient, pour la plupart, succédé aux auberges de jeunesse devenues un peu moins populaires auprès d’une clientèle vieillissante de baby boomers. Déjà, les chambres privées et les activités familiales étaient beaucoup plus populaires que les dortoirs mixtes et les soirées bien arrosées.

Maintenant, à l’aube de la cinquantaine, j’aime bien loger dans un endroit confortable, sans nécessairement être luxueux, lorsque je suis en vacances. Mais j’avoue que l’ambiance des auberges – où la présence des voyageurs dessine un paysage chaque jour différent, où l’accueil chaleureux des jeunes travailleurs un peu maladroits nous fait oublier les tracasseries inutiles du quotidien, où les repas s’improvisent et se partagent avec des inconnus aussi souriants que nos meilleurs amis – n’a pas d’égal pour rendre un séjour mémorable.

Aujourd’hui, les auberges prennent des airs de châteaux, offrent des soins de santé et des repas gastronomiques. J’aime bien y passer un jour ou deux, mais je m’ennuierais certainement si je m’y attardais plus longtemps. Les chevaux, les chèvres et les agneaux qui peuplaient le paysage bucolique qui nous entourait ne semblaient pas, eux, s’ennuyer le moins du monde.

Nous avons beaucoup marché et très bien mangé. Nous nous sommes reposés et retrouvés. Les vacances sont faites pour ça.

lundi 9 juillet 2007

De fil en aiguille

Chaque fois que je visite le magasin de tissu, je me dis qu’il faudrait bien que je me remette à la couture. Pour environ 3 $, j’ai obtenu suffisamment de tissu pour confectionner une jupe à ma fille, qu’elle aurait payé 25 $ dans une boutique.

J’ai commencé à coudre à douze ans. Aujourd’hui, aucun projet ne me fait peur. Ce sont mes yeux qui me freinent, bien plus que le manque de patience ou d’envie de m’y remettre. Faire de la couture me détend et me fait du bien. C’est très valorisant de porter une robe dont on a choisi le tissu et assemblé toutes les pièces. Et puis, on trouve dans les boutiques de couture des étoffes magnifiques qui n’ont rien à voir avec ce qu’on retrouve dans le prêt-à-porter.

Il m’arrive parfois d’avoir envie de m’offrir une autre surjeteuse. La mienne a fait son temps et ma fille l’a suffisamment maltraitée pour qu’elle soit devenue de plus en plus capricieuse. Ces machines à quatre fils quadruplent la difficulté que j’éprouve à enfiler les aiguilles. Même avec mes lunettes, je n’y arrive que très difficilement. Une fois tous les fils correctement enfilés et la machine remise de ses mauvais traitements, je suis trop épuisée pour commencer à coudre. Mais l’exercice aiguise la patience, ça c’est certain.

Le tissu est coupé, les machines sont prêtes, il ne me reste plus qu’à assembler les pièces. Mais demain je pars pour deux jours avec mon copain, alors le travail sera remis à plus tard. J’espère que le temps pluvieux et froid d’aujourd’hui fera place au soleil dès demain. En fait, c’est qu’on nous annonce à la météo.

Ma sœur est en croisière quelque part dans les Bermudes. Je sais qu’elle et son mari avaient grand besoin de ces vacances. Je suppose qu’ils en bénéficieront amplement. L’été passe si vite. Nul doute qu’il faille en profiter le plus possible.

Ma petite valise est prête. Nous partirons assez tôt, avec un pique-nique, pour jouir pleinement des lieux et nous retrouver enfin en pleine nature. Plaisir assuré.

jeudi 5 juillet 2007

Graffitis et totems

Voilà que s’installe tout doucement le rythme des vacances. Au cours de ma promenade à vélo, j’ai fait la rencontre de curieux personnages. Je me suis toujours demandé comment font les graffiteurs pour atteindre certains endroits. Sûrement pas à la nage, dans ce cas-ci. L’eau est d’une couleur pas très invitante.



Un peu plus loin, dans un parc où j’aime aller régulièrement – parce qu’il n’y que peu de cyclistes qui le fréquentent et que les fleurs sauvages répandent de délicieux parfums dans l’air si facile à respirer à pleins poumons –, j’aperçois ces étranges totems qui n’étaient pas là l’an dernier.


Et puis, arrêt obligatoire à l’étang pour saluer les canards qui paraissaient bien déçus de me trouver les mains vides, habitués à se faire gâter par les visiteurs qui eux, ont pensé apporter quelques morceaux de pain.




Heureusement qu’il y a un peu de nature dans cette ville, mais on se lasse bien vite de ces tableaux trop bien composés, qui ne laissent que peu de place à la vraie nature, la nature sauvage qui elle n’est pas confinée dans un parc clôturé.

Plus tard, au gym avec ma fille, je réalise qu’elle s’épanouit comme les arbres qui cherchent à étendre leurs racines aussi bien que leurs branches. Entre le ciel et la terre, ils nous offrent leur force solide pour nous y appuyer, mais peuvent tout aussi bien se briser à la moindre tempête. Forte et fragile. Humaine.

En écoutant ses propos je perçois l’attachement qu’elle développe pour les petits êtres fragiles qui l’entourent, pour le petit garçon dont elle s’occupe et qui, même enfermé dans son silence, semble lui communiquer tant de secrets. Et l’admiration qu’elle porte désormais à des gens dont hier elle ne soupçonnait pas l’existence. Des gens qui possèdent le don de percevoir la souffrance des autres et qui cherchent à la comprendre et à la soulager.

Chaque expérience de notre vie nous fait grandir. Certaines nous font pousser un peu plus vite.

lundi 2 juillet 2007

La bonne nouvelle

Les vraies vacances commencent demain, mais je me sens déjà sur une autre planète. Une planète où le temps m’appartient. Et du temps, j’en prendrais bien plus que ce qui m’est accordé. Je n’ai pas le droit de me plaindre, je suis tout de même assez privilégiée.

La semaine dernière, j’étais conviée à une réception amicale pour célébrer la parution d’un livre événement. J’ai eu le plaisir de participer à l’étape de la révision et de la correction des épreuves, expérience que j’ai adorée. Et j’ai eu l’agréable surprise de découvrir de très beaux textes, écrits par de très jeunes auteurs, qui, contrairement à ce que racontent les mauvaises langues, sont la preuve que les jeunes savent encore écrire sans fautes et possèdent une extraordinaire imagination. Moi, j’ai été totalement charmée et très émue.

C’est pour cette raison que j’avais un peu l’impression de vivre un deuil plutôt que de célébrer une naissance, à la fin de cette charmante soirée où nous nous sommes retrouvés entre correcteurs, à finir les restes d’un buffet digne des grands chefs. Cette expérience m’a mise dans un état un peu euphorique, où je sentais enfin que je touchais à la définition d’une passion, où j’assistais à l’éclosion d’une nouvelle ère de bonheur qui finirait bien par s’installer chez moi.

Et puis, le quotidien reprend ses droits. J’oublie le travail pour l’instant, parce que les vacances m’ordonnent de changer d’air, de refrain aussi. Je ne dois pas répéter les mêmes gestes qui font de ma vie une routine parfois une peu monotone. Je suis très disciplinée, peut-être une peu trop.

Je profiterai pleinement de ces moments de solitude que la vie m’offre comme un cadeau dont j’avais terriblement besoin. Même si je regarde parfois la chambre de ma fille, déserte pour les deux prochaines semaines, comme une maman poule à qui on aurait dérobé tous les œufs qu’elle couvait…

Son copain, un jeune de 18 ans qui n’a pas eu la vie très facile, vient de louer un appartement avec un ami. Une étape importante dans la vie d’un jeune adulte, que j’ai franchie moi aussi à cet âge. Je souhaite tout de même que ma fille demeure encore quelques années avec nous, le temps de terminer ses études et d’économiser un peu d’argent. J’en ai discuté avec elle, elle semble bien déterminée à poursuivre ses études et ça me rassure.


J’aurai un peu de correction à faire pendant mes vacances, et je m’en réjouis. Je l’ai déjà dit, ce plaisir n’est pas un travail pour moi, ou, si vous préférez, ce travail est un plaisir qui me fait oublier qu’il s’agit d’un travail.

J’ai sorti mon vélo et fait un tour. Je suis ne forme. Ça me réjouis. J’ai appris qu’une amie, dans la jeune cinquantaine, subira un pontage coronarien dans les prochains jours. Encore une fois, je remercie le ciel d’être en santé.

*********

Quand j’étais petite, j’aimais bien jouer à la tag (ou tague, c’est pareil). On pouvait jouer dans la cour de l’école, dans la rue, dans notre cour sur le gazon et même dans une piscine. Voilà qu’on y joue maintenant sur Internet. C’est mon amie Béo qui m’a donné la tag, j’accepte donc de me prêter au jeu « C’est toi le chat ».

Règlements : Chaque personne décrit sept choses à propos d’elle-même. Ceux qui ont été «taggués» doivent écrire sur leurs blogues ces sept choses ainsi que ce règlement. Ensuite, vous devez tagguer sept autres personnes et les énumérer sur votre blogue. Après, vous devez laisser un message aux 7 blogueurs pour les prévenir qu'ils ont été taggués en leur indiquant : « C’est toi le chat ! »

Voici donc sept choses à propos de moi :

1. La sagesse. Plus je vieillis et plus je comprends la vie, les autres et moi-même.

2. La quête. J’ai longtemps cherché un « guide spirituel » et je ne l’ai pas vraiment trouvé.

3. Le silence. Aujourd’hui je parle beaucoup, mais quand j’étais enfant, j’étais très silencieuse et terriblement timide.

4. La musique. Je ne me lasse jamais de découvrir dans ce domaine, et j’éprouve une immense curiosité pour tout ce qui touche cet art.

5. Le goût. J’adore découvrir de nouvelles saveurs et goûter de nouveaux plats, mais j’aime aussi retrouver les saveurs évocatrices de beaux souvenirs.

6. La mère. Mon rôle de mère est celui que je prends le plus au sérieux. Rien ne compte plus pour moi que le bonheur de ma fille.

7. Les mots. Je souhaite ne jamais cesser d’écrire et pouvoir lire jusqu’à ce que mes yeux ne voient plus rien. Les mots sont les clés de milliers d’univers fascinants.

Je dois maintenant accomplir la deuxième partie de ce jeu. Comme mon carnet d'adresses n’est pas très rempli, je me permets de piger au hasard chez l’un et l’autre pour passer la tag à :

Nathalie à Toronto ; Fabienne au Royaume-Uni ; Pepette en Écosse ; Véronique à Vancouver ; Cédric au Congo ; Cartabor à Ann Arbor (Michigan, Etats-Unis) ; Blanche à Paris .

Il ne me reste plus qu’à contacter tous ces gens pour leur annoncer la bonne nouvelle… Ouf !

samedi 23 juin 2007

Autour du bonheur

Il y a des gens pas très heureux autour de moi. Quelqu’un qui n’habite pas son corps, qui n’a pas accès à ses émotions, qui refuse l’aide des autres et qui persiste à nier « qu’il a un problème » ne peut pas être heureux. Parfois les gens prennent de longs détours parce qu’ils n’ont pas le courage de s’affronter eux-mêmes, d’accepter le changement, d’entreprendre leur propre guérison. Il doit y avoir d’immenses blessures à l’intérieur de ces personnes-là.

Pourtant, ce sont souvent des gens très performants dans la société. Cherchent-ils l’approbation des autres? En ont-ils réellement besoin? Réalisent-ils à quel point ils peuvent parfois devenir prétentieux et oublier que s’ils sont arrivés où ils sont, c’est souvent avec l’aide des autres.

J’analyse mes perceptions, je tempère mes élans émotifs, je tente d’élucider les questions nombreuses que suscitent certaines situations auxquelles je dois faire face. Je voudrais aider, mais on repousse mon offre, sous prétexte qu’il serait malvenu d’agir dans les circonstances. Je dois me taire et attendre que ça passe.

Tout ceci se passe dans mon milieu de travail et j’ai bien hâte aux vacances pour échapper à cette ambiance malsaine qui, malgré moi, produit un mauvais effet sur mes états d’âme. Je suis bien incapable de m’en détacher, puisque ces mauvaises ondes traversent invariablement l’atmosphère qui m’entoure. Et j’ai beau tenter de les dissiper, elles se figent dans l’air comme des particules allergènes invisibles, mais non moins irritantes.

Donc, parlons vacances. D’abord, mais fille en aura peu parce qu’elle travaille pendant huit semaines cet été. Mais elle est terriblement contente de son sort. Après tout, travailler dans un camp de jour, c’est presque des vacances, même si les enfants autistes demandent plus d’attention et de soins. Elle sera entourée d’une belle équipe et je suis persuadée qu’elle vivra une expérience heureuse et très enrichissante.

Mon copain, lui, n’a qu’une petite semaine, pendant laquelle nous ferons un séjour gastronomique dans une auberge de la Mauricie. Une petite gâterie bien méritée, que nous nous offrons pour nous retrouver en pleine nature sans avoir à nous soucier des repas quotidiens.

Et moi, j’ai trois semaines de vacances qui ne seront pas de trop pour évacuer la fatigue et le stress et me recentrer sur l’essentiel. Respirer, bien manger, bien dormir, faire de l’exercice et me faire tout plein de petits plaisirs.

S’il ne fait pas trop chaud, je ferai la cuisine. J’ai des centaines de recettes à la maison, que j’accumule comme une collectionneuse compulsive. Mon seul problème c’est qu’ici, dans mon appartement, je manque d’espace dans la cuisine. Ce qui a pour effet de m’enlever toute envie de sortir les casseroles. Mais il m’arrive parfois, dans un élan de courage et de motivation, de plonger dans mes livres de recettes et d’expérimenter. Et ce au grand plaisir de mon entourage.

Je sortirai aussi mon vélo. Je n’aime pas particulièrement faire du vélo en ville, mais c’est tout de même un exercice auquel je me soumets avec un certain plaisir à l’occasion. Les pistes cyclables que j’ai expérimentées l’an dernier m’ont permis de constater que là aussi on trouve des gens peu civilisés qui finissent par rendre la promenade stressante plutôt que divertissante. J’ai bien assez des embouteillages de l’autoroute pour me stresser, pas besoin d’en ajouter.

Au jour le jour, prendre le temps de profiter du moment présent, les vacances sont là pour ça.

Il me reste une semaine de travail, tout de même, avant d’être libre.

samedi 16 juin 2007

Émotions fortes

J’ai passé la moitié de la journée à discuter avec mon ex et ça m’a mise en rage. Donc, je n’élaborerai pas trop sur le sujet. Viendra bientôt le moment de faire le point sur notre situation et d’effectuer certains ajustements qui, je l’espère, permettront de dénouer la tension qui s’est installée aujourd’hui entre nous et qui est très mauvaise.

J’ai eu de bonnes nouvelles au sujet du règlement de la succession de ma tante, qui est actuellement entre les mains des avocats. Nous aurons bientôt plus de détails car la période des vacances n’est pas trop propice à l’avancement rapide des dossiers.

Je voudrais partager avec ceux qui s’attarderont sur ce blogue un moment d’émotions intense. Prenez le temps d’aller écouter cet extrait vidéo et vous serez certainement, tout comme moi, totalement conquis ou conquise. J’aimerais beaucoup recevoir vos commentaires.


Si vous rêvez de faire le tour du monde, prenez aussi le temps d’aller visiter le site de ce couple de Français partis à l’aventure avec leurs deux enfants. Les suivre sera certainement d’un grand intérêt. Deux sites:

Le blogue

Les photos

Je me remets tranquillement des mes émotions en buvant une bonne bière blanche, chose que je fais trop rarement.

En plus, je viens de me faire voler de l’argent par la machine à sécher le linge, et j’ai failli la démolir. Vous voyez le tableau. J’espère que mon agressivité diminuera dans les prochains jours.

mercredi 13 juin 2007

Agent de conversation

Ce matin, en entendant ce charmant lapsus commis par une fillette dans une publicité, je me suis sentie particulièrement inspirée. J’avais envie d’écrire, mais je devais me rendre au travail.

À la radio, une psychologue parlait de l’importance de la présence du père dans la vie d’un enfant. « Chacun porte son père en soi », disait-elle. Le père joue un rôle de baliseur. Il aide l’enfant à définir sa personnalité, à prendre de l’assurance, à avoir confiance en lui. Je me suis dit que quelque part, la petite fille de huit ans qui a perdu son père avait très vite appris à marcher toute seule et qu’elle n’avait pas cherché (trouvé?) de substitut à ce père disparu.

Plus tard, au cours d’une discussion, une collègue m’a fait réfléchir sur le sens du mot «  personnalité  ». Je lui avouais humblement que ma personnalité au travail ressemblait assez peu à ma personnalité en dehors de ce milieu. Au fond, je devrais plutôt parler de « personnage ».

Je fais comme les artistes, je protège ma vie privée. Néanmoins, je réalise qu’il m’est difficile de laisser tomber cette carapace que je me suis forgée pour affronter le milieu de travail dans lequel j’évolue. Et puis, c’est bien difficile de se faire de vrais amis au travail, de se confier et de s’ouvrir à des gens que l’on côtoie tous les jours. Je l’ai fait une fois et je l’ai regretté.

Mais il m’arrive tout de même d’avoir des conversations très enrichissantes avec des collègues, comme celle de ce matin, au cours de laquelle j’ai réalisé à quel point je suis apte, aujourd’hui, à mieux définir qui je suis. C’est parce que je me suis entraînée à accéder à mes émotions et à les analyser pour mieux les définir et les comprendre que j’ai franchi les plus grandes étapes. Et ce n’est pas nécessairement simple, mais tout à fait possible.

Dans ce journal, je reviens périodiquement sur ce sujet, parce que certains événements m’obligent à faire le point. Hier, j’ai appris que le père de ma fille allait encore une fois déménager. Encore une fois un peu plus loin. Pas suffisamment loin pour que la distance devienne un problème et remette en question notre entente de garde partagée, mais suffisamment loin pour que ma fille ne puisse plus parcourir la distance entre nos deux appartements à pied.

Cet éloignement me trouble, parce qu’il m’oblige à envisager l’inévitable. Tôt ou tard ma fille n’habitera plus avec moi. Elle choisira peut-être de vivre avec son père, ou avec son copain, mais je doute qu’elle choisisse de vivre avec moi. Et j’en éprouve inévitablement de la peine. Une grande peine.

Je n’ai pu m’empêcher de penser au jour où j’ai moi-même quitté la maison familiale. La relation très tendue entre ma mère et moi et le manque de communication ont rendu cet événement encore plus difficile à vivre. Je pense que la douleur que j’éprouve en revoyant la scène m’oblige à effacer ces souvenirs. Tout s’embrouille, il vaut mieux oublier.

Il m’arrive aussi – comme c’est arrivé hier soir pendant une conversation avec mon copain – d’avoir l’impression d’être totalement incomprise. Chose certaine, j’ai appris à tempérer suffisamment ma colère pour l’exprimer correctement, la ressentir sans la laisser me dominer et rationaliser les émotions qui veulent parfois me submerger. J’ai appris à dire ce que je ressens.

Maintenant, je dois apprendre à m’adapter au changement, à cesser de m’apitoyer sur mon sort lorsque les gens me déçoivent et à diminuer mes attentes. Je ne dois pas me mettre en colère parce que quelqu’un ne fait pas ce que je crois qu’il devrait faire. Je ne peux substituer ma volonté à celle d’un autre. Je ne peux insuffler l’ambition, la persévérance, la foi et la confiance en soi à ceux qui n’en ont pas. Je ne peux même pas montrer le chemin, parce que chacun doit prendre un chemin différent pour s’accomplir. Et je n’ai pas la carte de ce monde.

Cela dit, je peux tout de même semer de petites graines et espérer qu’elles poussent. Recommander une lecture, écouter, discuter en évitant les bavardages qui ne mènent nulle part. Devenir, en quelque sorte, un agent de conversation…

lundi 11 juin 2007

Étourdie

Ce matin je me suis levée avec cette désagréable sensation d'étourdissement. J'avais du mal à ne pas tituber. S'il n'y avait pas eu une réunion à laquelle je voulais absolument assister aujourd'hui, je serais restée chez moi. En conduisant ma voiture, le simple fait de regarder dans le rétroviseur me donnait la nausée. Il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti ce malaise. J'avais oublié à quel point il est incommodant. Mais je sais que ça passera. Je ne m'inquiète pas outre mesure.

La réunion a suivi un dîner passablement copieux, qui a eu l'effet de nous alourdir un peu trop. Néanmoins, il était agréable d'avoir en face de nous une collègue de travail avec qui nous communiquons la plupart du temps par courriel, puisqu'elle habite de l'autre côté de l'océan. Cette jeune femme m'a paru très passionnée et d'une grande humilité. Elle ne fait pas partie de la haute direction, et les frais de son voyage ne sont pas couverts par un compte de dépenses illimité. Elle a choisi de venir visiter le Québec et d'en assumer les frais, tout en consacrant quelques journées de son court séjour au travail, par choix.

Pour les éditeurs européens, le Québec est un bien petit marché. Et nos exigences commerciales sont élevées. Nos relations ne sont pas simples et souvent, nous paraissons bien exigeants. Il m'arrive parfois de penser qu'un jour les livres cesseront de voyager ainsi d'un continent à l'autre, parce que les coûts trop élevés et les ventes trop faibles ne justifieront plus ce genre de marché.

Serait-il plus simple, en effet, d'imprimer nous-mêmes les livres que nous souhaitons lire ou de les télécharger sur nos écrans ? Comme on télécharge une chanson ou un album pour le graver sur un CD ? Le sujet est encore tabou. On plaide l'attachement au livre objet, alors que ce n'est pas autre chose qu'un amas de feuilles brochées ou reliées qu'on abandonne tôt ou tard sous un tas de poussière.

Bon, passons, ici n'est pas l'endroit pour ce genre de réflexion.

Je suis passée chez le marchand de thé avant de rentrer à la maison. Bizarrement, alors que je tenais un bout de papier sur lequel j'avais noté ce que je voulais acheter, j'ai entendu le jeune homme au comptoir prononcer le nom du premier thé sur ma liste. « Vous lisez dans mes pensées », ai-je dit avec étonnement.

Ce genre de chose m'arrive très souvent. Maintenant je suis persuadée que je suis très douée pour la transmission de pensée.

J'étais encore tout étourdie lorsque je suis rentrée chez moi. La chaleur, le repas du midi mal digéré y sont probablement pour quelque chose. Demain, ça ira mieux. Enfin j'espère.

samedi 9 juin 2007

Béton

Vivre en ville a ses bons et ses mauvais côtés. Être près de l’action, trouver facilement du travail tout en ayant la possibilité de poursuivre ses études et avoir accès à de nombreuses sources de loisirs font partie des bons côtés. Mais si elle offre à ses habitants quelques espaces verts bien encadrés, la ville manque cruellement de cette beauté que seule la nature possède. Un ruisseau qui se faufile entre les arbres, un sentier qui mène à la mer, une grosse pierre qui s’offre au marcheur pour s’y reposer, le grand silence et l’immense sagesse de la forêt me manquent. Voilà la source de mon spleen estival, il ne faut pas chercher plus loin.



New York, mai 2007

Oui, l’été en ville me déprime sérieusement et chaque année, je n’y échappe. Quand je travaille, tout va bien. Le rythme de vie accéléré prend le dessus et je ne vois pas le temps passer. Mais quand tout s’arrête, quand je me lève le samedi et que le soleil brille, je déprime. Il me faudrait une résidence secondaire, un chalet pas trop loin où je pourrais me réfugier toutes les fins de semaine.

Quand j’étais jeune, c’est ma copine Judith qui m’a fait découvrir ce sentiment unique que la nature inspire chez l’être humain. Une sensation d’appartenance et un appel à l’humilité. Car devant un arbre géant, dont les branches touchent presque le soleil, on se sent bien petit et en même temps immensément grand. Nous lancions des pierres dans un lac, et admirions pendant des heures les ronds qu’elles traçaient dans l’eau, en écoutant le bruit de la chute qui s’écoulait tout près.

Oui, la ville offre bien des occasions de s’étourdir, mais la nature qu’on retrouve à la campagne nous donne des forces, nous enseigne ce qu’est notre véritable essence. Je souhaite de tout mon cœur ne pas finir mes jours en ville, à me bercer sur un balcon et à respirer la pollution des voitures. Je souhaite m’endormir près d’un ruisseau et me laisser voguer jusqu’à la mer…



Cayo Coco, mai 2007

mardi 5 juin 2007

Images dissolues

Je cherche des images. La lenteur de ma connexion ne me permet pas de visualiser rapidement les pages, ce qui fait que je perds patience. Je ne me sens pas chez moi dans ce décor et j’aimerais bien tout mettre en place pour que ce site reflète un peu plus ce que je suis. Mais il me faudra du temps.

J’ai fait vite, mais je jonglais avec l’idée depuis très longtemps. L’important c’est d’écrire. Après tout, c’est ce qui compte non?

Je ne suis pas certaine d’être douée pour la fiction. Je suis terriblement bloquée de ce côté ces temps-ci. Même si je m’étais inscrite sur Obsolettres, je n’arrivais pas à participer aux ateliers d’écriture et à me soumettre à un ou l’autre des thèmes qu’on nous proposait. Le site est fermé. Tout bêtement. Des cahiers ont circulé. J’ai écrit dans deux de ceux-là. Je ne sais pas ce qui adviendra de ces cahiers. Peut-être seront-ils abandonnés sur un banc, dans un parc. Et la pluie viendra les abîmer, et l’encre s’épandra sur le papier en autant de taches qu’il y avait de mots sur ces pages. Absorbées par le papier, les histoires disparaîtront entre les feuilles et seront perdues à jamais.

Comme c’est triste.

Heureusement que j’ai gardé une copie des miennes !

lundi 4 juin 2007

Ouverture et fermeture

C’est ici que se poursuivra désormais l’aventure de l’Instantclic. Le décor va certainement changer, il me faut me familiariser avec toutes ces nouvelles fonctions. Mais l’aspect technique prendra un peu moins de mon temps pour laisser la place, je l’espère, à l’écriture et à l’expression de ma pensée.

Mes yeux sont fatigués. Comme d’habitude, j’essaie de tout faire en même temps. Patience, patience…