samedi 31 mai 2008

Douce brise

À mesure que les boîtes s’empilent un peu partout dans l’appartement, j’ai l’impression que c’est mon moral qui descend. Car je suis de celles qui, exceptionnellement, dépriment quand le beau temps arrive. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais c’est un fait que je constate chaque printemps. Peut-être que le changement de rythme, qui passe de trépidant l’automne et l’hiver à plutôt calme le printemps et l’été, affecte ma capacité d’adaptation. Je suis faite pour la vie active. J’entends penser ceux qui croient que l’été est le moment idéal pour s’activer, justement. C’est vrai. Mais ce n’est pas l’activité physique qui me manque, c’est l’activité intellectuelle. Étudier, m’interroger, travailler, m’occuper l’esprit, c’est vital pour ma santé mentale. Et l’été, de ce côté du moins, je ralentis.

J’ai reçu les copies corrigées de mon texte lundi dernier. La qualité du français a été soulignée, c’est la remarque qui m’a fait le plus plaisir. Rédiger sur commande a été difficile pour moi. Mais j’ai appris énormément. Je comprends maintenant un peu mieux quelles sont les contraintes du travail de rédacteur. Il ne faut pas oublier qu’il y toujours un « chef » qui commande dans ce domaine, et que répondre à ses exigences doit être comparable à ce que j’ai vécu en tentant de satisfaire à celles de ce cours.

J’ai aussi trouvé difficile l’absence de contact avec les autres étudiants. Je ne sais pas trop sur quel sujet ils ont travaillé, quelles ont été les difficultés qu’ils ont rencontrées, quel résultat ils ont obtenu. Je pense que je vais écrire à la directrice du programme et lui mentionner cet aspect.

J’éprouve un drôle de sentiment face à mon travail ces temps-ci. Je crois que l’approche de la cinquantaine m’affecte un peu. J’ai vécu une grande remise en question à quarante ans, qui a d’ailleurs provoqué ma séparation. Je me demande si je ne devrais pas sacrifier un peu de confort et chercher un emploi plus valorisant, un plus grand défi. Ce n’est pas une décision facile à prendre. Et j’ai toujours cru qu’on arrive plutôt aisément à prendre les bonnes décisions. Lorsqu’il y a un doute, je me méfie toujours un peu et je préfère être prudente. Pas à pas. La réflexion est commencée. Je verrai bien quelles actions je devrai poser.

Mais je sens un vent de changement, c’est certain. Disons, une douce brise pour l’instant.

samedi 24 mai 2008

Liquide

Ce n’est pas de ne pas pouvoir manger pendant 48 heures qui est difficile. Ce qui est difficile, c’est d’avaler le laxatif qu’on nous impose deux fois plutôt qu’une. J’ai eu la nausée pendant deux jours. Le premier jour, j’ai réussi à avaler le substitut de repas autorisé. Le deuxième jour, j’ai jeté les boîtes qui restaient tellement j’étais dégoûtée. Bref, j’aimais mieux ne rien avaler que d’avaler ÇA! La diète liquide, ce n’est pas la joie.

L’examen s’est très bien déroulé et j’ai hâte d’avoir les résultats, ce qui ne saurait tarder. Je vais mieux, parce que j’ai modifié mon alimentation en suivant mon intuition. Et en mastiquant longuement mes aliments, je me sens très vite rassasiée et je digère beaucoup mieux. Je pense que j’ai ignoré les symptômes trop longtemps et mon corps m’a lancé un cri d’alarme. Désormais, je vais l’écouter, promis.

C’est la période où je m’ennuie le plus au travail. Le temps où tout ralentit et où on n’ose rien entreprendre parce que la période des vacances arrive et que tout le monde sait que tout doit attendre. Je serai, encore cette année, le substitut de nombreuses personnes, une, deux, trois, quatre à la fois… Mais je ne vais pas me stresser avec ça. Pas cette fois-ci.

En ce qui me concerne, à l’exception d’une petite fin de semaine à New York avec mon chum, je n’ai pas de projet. M’occuper du nouvel appartement sera ma priorité. Il faudra bien trouver une place pour chaque chose et sacrifier ce qui ne sert plus à rien. Et puis, explorer le nouvel environnement et essayer d’en tirer profit occupera le reste du temps. Nous trouverons bien quelques jours et un petit budget pour aller explorer un coin du Québec encore inconnu. Pas trop loin. L’essence coûte cher et le déménagement est une inévitable source de dépenses. L’argent liquide ne coule pas à flots…

Justement, j’essaie d’inculquer à ma fille quelques principes au sujet de la gestion de l’argent. Elle travaille assez régulièrement depuis l’été dernier, et tout ce qu’elle gagne semble fondre aussi vite que la crème glacée en juillet. Je lui ai parlé de budget, elle a rétorqué qu’elle n’avait pas de dépenses??? Ça veut dire quoi au juste? Je ne lâcherai pas. Elle devra, coûte que coûte, participer à l’élaboration de son budget 2008-2009 et faire preuve de bonne volonté si elle veut que la ministre des Finances (moi, en l’occurrence) continue à verser les subventions.

J’ai confiance. Ma fille en est à l’étape où émergent les vraies valeurs, et j’aime ce que je vois et ce que j’entends. Elle a l’esprit ouvert et nos discussions sont animées. Je m’efforce de profiter de ces instants où, même si ce n’est pas toujours le bon moment pour moi, elle partage ses préoccupations, m’interroge, me consulte, me force à réfléchir et à voir la vie sous un angle différent. Ce sont des moments précieux qui ne doivent plus m’échapper. J’espère qu’elle ne s’envolera pas trop vite du nid. La maison serait bien vide sans sa douce folie.

Je recevrai les copies corrigées de mon article la semaine prochaine. La secrétaire du département de l’Université m’en a gentiment avisée jeudi dernier. En prime, elle m’a révélé ma note finale : A-. Ce qui est excellent, compte tenu de la sévérité des juges. Je suis ravie. J’ai hâte de lire les commentaires des correctrices! En attendant, je me la coule douce.

mardi 13 mai 2008

Seule au monde



Il y a trois jours, j’étais seule au monde, au milieu de la mer. J’écoutais le vent. Parfois, le cri d’un oiseau venait troubler, à peine, ce silence dont je tentais de m’imprégner pour m’apaiser. Et le silence m’apaise. Regarder cette immensité qui s’offrait à moi, comme les bras ouverts d’un amant qui attend sa bien-aimée depuis des mois, me comblait totalement. J’étais en état de grâce. Voilà tout le bienfait que ce décor enchanteur me procure, chaque fois que je mets les pieds à Cuba.

Cayo Guillermo nous a charmés, mon copain et moi. Nous nous sentions comme deux nouveaux mariés, dans ce décor fleuri où l’abondante végétation témoigne de la grande force des plantes qui réussissent à survivre dans un environnement si sec. Pas une goutte de pluie durant ces sept jours – allons-nous nous en plaindre – où le soleil a brillé sans relâche et où le vent s’est fait suffisamment discret pour nous permettre d’apprivoiser la chaleur avant qu’elle n’arrive chez nous.
Bon, c’est ce que j’appelle des vacances. Oubliés les maux de ventre et le stress. Oubliées les boîtes qui s’accumulent dans mon appartement avant le déménagement. Oubliés le boulot et le souci que je me fais pour les autres, au point d’en arriver à m’oublier moi-même.

De retour, mis à part la préparation pour mon examen médical qui me demande de ne consommer que des liquides clairs pendant 48 heures, tout se passe très bien.

J’en conclus, peut-être un peu tôt mais on verra bien, que mes malaises sont dus au stress et à la surconsommation de produits laitiers. Dossier à suivre.

Pour le reste, c’est le train train quotidien qui prend le dessus. Me faire plaisir un peu plus souvent, sans culpabiliser, devrait faire partie de mes résolutions immédiates. Choisir des plaisirs qui ne nécessitent pas forcément de consommer quelque chose serait aussi une sage décision. Me remettre à la couture, par exemple. J’aurai probablement l’espace pour aménager un petit coin où ma fille et moi pourrons laisser libre cours à notre imagination… Elle apprendra au fil du temps que la confection est un acte de patience, qualité qu’elle doit sûrement posséder puisqu’elle travaille avec des enfants autistes depuis bientôt un an, même si, à la maison, elle n’en fait pas souvent montre.

Et la suite des vacances ne tardera pas. Alors je ferme les yeux pour revenir sur cette merveilleuse plage de sable chaud, seule au monde.