dimanche 24 mai 2009

Bien chez soi

Nos invités sont arrivés tôt hier. Le champagne était frais, prêt à servir pour les accueillir. Nous avions presque oublié cette bouteille, que m’avait offerte mon neveu pour mon cinquantième anniversaire, et l’occasion était belle de la sortir de sa cachette.

Le plaisir de la boire à quatre plutôt qu’à deux valait l’attente. Le champagne a eu l’effet souhaité : il a détendu l’atmosphère et nous a permis de renouer avec ces amis que nous n’avions pas vus depuis trop longtemps. Ceux-ci ont vite compris que nous étions bien chez nous et heureux de pouvoir enfin les recevoir à notre table.

Nous avions planifié un repas très simple, mais délicieux : salade mixte garnie de morceaux de poires, de pacanes grillées et de copeaux de parmesan; cuisses de canard confites servies avec des rondelles de carottes et de panais sur un lit de flageolets, arrosées d’une sauce au porto; et pour dessert, sorbet aux petits fruits et coupes de raisins givrés. C’était exquis, c’était parfait.

Les conversations ont tourné autour des préoccupations de parents de jeunes adultes, en passant par les remises en question de carrière – l’ami enseigne au secondaire et en a un peu ras-le-bol des ados –, les souvenirs du passé, le théâtre, et même l’euthanasie… Tout ça dans la joie et sans trop de sérieux.

Nous avons laissé la montagne de vaisselle sur le comptoir et, dès que nos invités nous ont quittés, nous sommes allés nous coucher.

Ce matin le soleil brille. Fenêtres et portes ouvertes laissent entrer l’air tiède printanier qui disperse les dernières particules de l’hiver. J’entends le vrombissement des tondeuses, les voisins s’animent dans leur jardin comme des abeilles dans la ruche. Je fais sécher les draps dehors.


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Cette semaine, j’ai assisté à une formation en gestion électronique des documents, avec deux de mes collègues. Même si le travail s’accumule pendant notre absence, nous avons toutes grandement bénéficié de ce temps d’arrêt et de réflexion pour mieux planifier nos communications et l’organisation de l’entreprise. Il faudra donner suite rapidement pour ne pas perdre l’élan et l’enthousiasme qui résultent de ces échanges. La rencontre de personnes de différents milieux de travail nous a appris que les problèmes sont souvent les mêmes et que les solutions s’appliquent partout.

Et c’est encourageant. L’évolution des technologies permet de constater que la créativité des entrepreneurs n’a pas de limite. Les besoins changent, et les réponses doivent venir rapidement. Ainsi, cette travailleuse autonome en comptabilité a vite constaté que ses clients, de petites entreprises pour la plupart, ont grandement besoin d’un service de gestion de documents. Elle a l’intention d’ajouter ce service à ceux qu’elle offre déjà.

Pour d’autres, le constat est clair : il faut autorité et pouvoir pour changer les choses. Parce que démontrer les avantages d’une méthode de travail uniforme ne suffit pas. Il faut pouvoir l’imposer. Et comme disait l’animatrice de la formation : il faut savoir gérer la résistance au changement. Nous allons nous y attaquer dans les prochaines semaines…

dimanche 17 mai 2009

Rituel de départ

Nous n’avons pas été privés du rituel de départ, même si, en donnant sa démission il y a trois semaines, mon patron avait annoncé qu’il ne voulait pas de « célébration ». Au cours des vingt dernières années, j’ai vu beaucoup de gens partir. Mais rarement j’ai vécu un départ aussi déchirant. Je dois faire mon deuil, comme la plupart de mes collègues. Chacun à sa manière.

Ces derniers jours, j’ai senti que ma place allait changer au travail, et je suis persuadée que ça me fera le plus grand bien. Je me sens sereine et confiante. Je ne pense pas que ce départ, même s’il laisse un grand vide, sera déstabilisant. Mes collègues et moi cumulons suffisamment d’années d’expérience pour nous en sortir.

J’ai donc fait mes adieux « personnels » à mon patron, mon collègue, mon ami, mercredi dernier, même si je savais qu’il nous quittait vendredi. J’avais besoin de ces deux jours de « paix intérieure » pour le laisser partir doucement. J’avais besoin de prendre ce moment, où j’avais toute son attention, pour le remercier de la confiance qu’il m’avait accordée pendant toutes ces années. J’avais besoin de lui rappeler cette grande complicité qui caractérisait notre équipe. J’avais aussi besoin de lui témoigner mon admiration pour le travail qu’il a accompli et la force dont il a fait preuve pour traverser les nombreuses épreuves des dernières années.

Vendredi soir, il est parti. En larmes, il a fait son dernier tour de piste. Les quelques personnes qui n’avaient pas encore quitté la fête furent les seules à être témoin de ce grand moment d’émotion. Dans ses bras, je me suis sentie si légère lorsqu’il m’a soulevée spontanément. Le temps s’est arrêté pendant quelques secondes. Je pense que je lui ai dit que je l’aimais très fort. Puis il est disparu.

Un long silence a suivi. Assise à une table, devant celui qui sera désormais mon seul patron, celui qui reste, le capitaine du bateau depuis les débuts de cette aventure, j’ai réalisé que je devenais pour lui, en quelque sorte, quelqu’un qu’il ne verrait plus de la même façon. Nous sentions, lui et moi, qu’il fallait maintenant nous serrer les coudes et continuer.

Nous vieillissons tous. Pour certains, il reste moins d’années devant que derrière. Est-ce le temps de changer de cap? Pour moi, je ne crois pas. Bien au contraire. Les prochains jours seront intenses.

En milieu de semaine, j’ai assisté au défilé de la collection 2009 des finissants en design de mode du cégep Marie-Victorin, avec ma fille. Elle et moi avons bien apprécié le spectacle, malgré le rythme trop rapide du défilé. Elle a aussi observé, comme moi, le manque de finition de certains vêtements. Mais dans l’ensemble, c’était un spectacle très réussi.

Dans quelques années, ce sera son tour de voir défiler sa collection. J’en ai déjà la chair de poule…

dimanche 10 mai 2009

Elle était là...

Chère Maman,
Bonne fête des mamans. On dit souvent qu'à la fête des mères, ce qui compte ce ne sont pas les fleurs et le chocolat, mais simplement d'être présent. Ça me fait plaisir d'être là aujourd'hui avec toi. Je connais beaucoup de jeunes dont la mère est décédée, ou simplement inapte à s'occuper d'eux. J'ai énormément de chance d'avoir une mère comme toi, qui m'a toujours acceptée, aidée, encouragée et supportée. Tu rends ma route vers le succès et l'épanouissement plus aisée, je sais que je pourrai toujours compter sur toi, que tu serais prête à faire n'importe quoi pour moi. Lorsque j'aurai une fille ou un garçon, je suivrai ton exemple d'amour inconditionnel. Je t'aime maman XXX

Merci XXX

Ä


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Que demander de plus?

samedi 9 mai 2009

Des hauts et des bas

J’ai été très malade. Un rhume. Le médecin que j’ai consulté à la clinique lundi dernier m’a dit de ne pas m’inquiéter. Elle m’a dit que ce serait terminé en fin de semaine. Nous sommes en fin de semaine. C’est presque terminé.

J’ai tellement toussé que j’ai soupçonné une bronchite. J’ai fait un peu de fièvre samedi dernier. Cette brusque montée de fièvre m’a littéralement fait paniquer. Et si j’avais la grippe? Et si mon chum l’attrapait?? Et si ma fille était contaminée??? Et si je mourais???
Je suis victime de la puissance des médias.

Bon… Passons.

Je me fais à l’idée que mon collègue-patron nous quitte petit à petit. Mes nouvelles tâches et les responsabilités qui s’y rattachent m’obligent à réorganiser mon emploi du temps. J’ai assisté à quelques réunions. Bizarrement, même après bientôt 25 ans de service, c’est seulement maintenant que je me sens « intégrée ».

J’ai écouté avec une grande attention la présentation du programme d’un éditeur français, de passage au Québec pour l’occasion. J’ai enfin pu mettre un visage sur des noms. Et je dois avouer, bien humblement, que j’étais émue. L’espace d’un instant, je me suis dit qu’il était temps que j’aie ma place. Je me suis sentie totalement au bon endroit, au bon moment. Ce qui m’attriste dans tout ça, c’est qu’il aura fallu un départ, une démission pour qu’enfin je puisse accéder à cette place.

Demain c’est la fête des mères. Je ne sais même pas si ma fille prendra le temps de venir souper avec nous. Ça n’a pas l’air de compter pour elle. Une journée comme une autre. Comment dois-je réagir? Je baisse les bras. Je n’ai pas envie d’insister. Tant pis. C’est bien dommage. On verra demain.

Ça ne m’empêchera pas de me gâter un peu. Ça sent le homard… Sentez-vous? Hummmm.

Bonne fête à toutes les mamans!

samedi 2 mai 2009

Un vent de changement

Difficile retour. Je ne me suis pas interrogée sur la raison du port des gants en latex par le douanier qui nous a accueillis à l’aéroport lundi dernier. Rentrés aux petites heures du matin, nous avions juste très hâte d’aller nous coucher. L’appartement était un peu sens dessus dessous – on dirait que ma fille a profité de notre absence pour inviter des amis –, et malgré la fatigue, nous avions envie de tout ranger avant d’aller dormir. J’ai regardé le cadran lumineux qui affichait 4 : 00 et je savais que comme moi, mon copain ne dormait pas encore. Il faillait se lever tôt pour aller au travail.

C’est un peu la tête dans les nuages que je suis arrivée au bureau avec une heure de retard. Pas le temps d’aller chercher un café ni même d’aller déposer ma boîte à lunch au frigo. Mon patron me convoque illico dans son bureau. Je le connais bien. Je savais qu’il n’allait pas me reprocher ce petit retard, d’autant plus que j’avais pris soin de lui laisser un message pour l’en aviser. Non, il était simplement trop anxieux pour attendre. C’est alors qu’il m’a annoncé sa démission.

Même si cette décision est l’aboutissement presque inévitable de son parcours, ça m’a donné un choc. Nous travaillons ensemble depuis bientôt vingt-cinq ans. Nous avons traversé bien des épreuves côte à côte et, au fil des ans, nous sommes devenus des amis. Même s’il m’est arrivé récemment de remettre en question cette amitié, je sais que son départ sera vécu comme un deuil. Il me l’a dit, il ne maintiendra pas le contact. Je pense qu’il veut faire table rase de ce passé et repartir ailleurs, sans se retourner.

C’est peut-être cette dure nouvelle qui m’a prédisposée à laisser le rhume, qui a presque gâché le séjour de mon copain à Cuba, m’attaquer à mon tour. Lui s’en est mieux tiré que moi par contre. Malgré les circonstances, j’aurais dû prendre quelques jours de congé de plus pour me remettre doucement. Mais on ne se refait pas. Je sentais que ma présence était requise et je me suis efforcée, à grand renforcement d’analgésiques, d’être fidèle au poste quoi qu’il arrive.

Et les vacances dans tout ça? Elles semblent déjà si loin derrière… Le cayo Santa-Maria nous a un peu déçus, peut-être parce que le vent qui soufflait si fort nous a empêchés de profiter pleinement de la mer. De quoi devons-nous nous plaindre? Pour ma part, c’est d’être tombée malade au retour qui m’a le plus déçue, parce que j’ai l’impression de ne pas avoir profité du formidable regain d’énergie que nous procurent ces vacances chaque année. Cette fois-ci, le rhume a tout gâché. (Le lecteur observateur aura remarqué que je ne dis pas « la grippe », de peur de me faire mettre en quarantaine.) Soyez sans crainte, je n’ai pas de fièvre et je vais survivre.

Les prochains jours seront importants pour moi, côté travail. J’espère que le changement sera positif et enrichissant. Je pense que je serai bientôt d’attaque pour relever des défis.




Les deux visages de Cuba.