samedi 31 janvier 2009

Du dehors au dedans

J’ai l’impression de marcher sur une plaque de glace. Sous mes pas, c’est extrêmement fragile. J’ai le choix. Changer de route ou… continuer.

Je ne connais pas d’autres chemins que ceux que j’ai empruntés jusqu’ici pour entrer en moi. L’écriture, même si c’est un excellent moyen d’expression, demeure encore une fois un moyen d’intellectualiser plutôt que de ressentir.

Quand j’étais étudiante, à l’école secondaire, je faisais de « l’expression dramatique ». Des exercices préparatoires à l’expression théâtrale en quelque sorte. Improvisation, mouvement, relaxation. C’était très bénéfique pour une adolescente comme moi qui était particulièrement timide et introvertie. Dans ces cours, je me sentais bien. J’ai appris à tisser des liens avec des gens autrement que par la parole. J’ai appris à m’exprimer avec mon corps, à me rapprocher physiquement des autres.

C’est fou comme j’ai l’impression de marcher dans le vide.

Dimanche dernier, je suis allée rendre visite aux parents de ma meilleure amie d’enfance. Ce sont, en quelque sorte, ceux qui ont été mes deuxièmes parents. Une famille adoptive si on peut dire. Il y avait déjà quelques années que je ne les avais pas vus. Ils ont vieilli. Si on peut dire de gens très vieux qu’ils vieillissent encore. Lui, malgré un récent AVC, a toujours de grands yeux d’enfants rieurs. Mais il est un peu perdu. Elle lui jette des regards un peu moqueurs et le reprend quand il se trompe, quand il confond le nom de fille de ma mère avec mon nom de famille. Une sorte de lapsus révélateur quand même. Elle et lui sont toujours aussi unis. Ils quittent maintenant leur dernière demeure pour aller vivre dans une petite chambre, chez une dame qui s’occupe de personnes âgées en perte d’autonomie. Un ange comme il en existe encore trop peu. Un ange qui est arrivé au bon moment.

Ça m’a ébranlée. Je ne savais pas quoi dire, quoi faire, comment agir. Je n’avais pas envie de leur dire adieu. Je ne veux pas les voir partir. Je sais qu’ils partiront. Je suis partie en laissant ma copine retourner seule chez elle. Je sentais qu’un long silence allait monter en moi et j’avais envie de lui laisser la place. Toute la place.

Tout ça remue beaucoup de choses en moi.

J’ai l’impression de revenir en arrière. De soulever un voile sans trop savoir ce que je vais trouver en dessous. Je ne sais pas si je dois vraiment regarder. Je ne sais pas si je dois. Je suis dans une totale incertitude. C’est bien inconfortable.

samedi 17 janvier 2009

Recharger mes batteries

La vague de froid aura eu raison de la batterie de ma voiture. C’est ce matin qu’elle a rendu l’âme. Heureusement, la dépanneuse de la CAA est vite arrivée pour redonner vie à ma petite Toyota, le temps de me rendre chez mon garagiste préféré (ouvert le samedi, c’est quand même pratique) pour y faire installer une nouvelle batterie.

C’est la première fois que j’utilise les services de la CAA, et je savais très bien qu’en ces jours de grands froids, ils sont fort occupés. Toutefois, ils ont répondu à mon appel en moins d’une heure. Le gentil monsieur qui conduisait la dépanneuse affichait un sourire contagieux et sa bonhomie m’a consolée de la mauvaise nouvelle qu’on m’avait déjà annoncée au téléphone : le service de remplacement de la batterie sur place n’était pas offert aujourd’hui. Le jeune homme m’a expliqué que non seulement ils étaient trop occupés pour l’offrir, mais que, par temps si froid, cette opération pratiquée à l’extérieur comportait des risques de bris que la compagnie refusait de courir. Par contre, il a ajouté « Si vous êtes patiente, je peux le faire demain. Le temps sera plus doux. » Je l’ai remercié en lui promettant de le rappeler si je ne trouvais pas de garage pour effectuer le travail aujourd’hui.

C’est que, en général, j’aime bien me débarrasser rapidement des ennuis de voiture. Avec sa nouvelle batterie, elle démarre au quart de tour! Voilà une bonne chose de faite.

Je discutais justement ce matin avec mon copain au sujet de mon besoin pressant de faire le point sur mon emploi du temps et sur l’énergie que je consacre aux différentes activités que je pratique, incluant le travail. Car, qu’on le veuille ou non, le travail nous prend beaucoup d’énergie. J’ai étudié pendant les cinq dernières années tout en travaillant, pour compléter mon certificat. Aujourd’hui, je devrais avoir plus de temps. Pourtant, j’ai l’impression de ne pas en avoir plus. Pourquoi?

Et même si l’entraînement prend un place importante dans ma vie, parce qu’il me permet, justement, de recharger mes batteries et d’entretenir ma mécanique intérieure, cette activité me prend du temps. En fait, une bonne partie de mes heures de loisir y passe. Mais je refuse d’arrêter ou de ralentir. C’est trop « payant » pour abandonner.

Donc, je suis piégée. Piégée par le besoin de recourir à ces heures d’exercices pour avoir l’énergie suffisante pour travailler et faire ma part de travaux domestiques. Je vais trop peu souvent au cinéma, je lis et j’écris trop peu à mon goût. Je n’ai pas assez de temps pour cuisiner, voir mes amis, faire de la couture…

Une chose est sûre : je ne m’ennuierai pas à ma retraite. J’aurai enfin du temps pour faire tout ça, et même plus!

dimanche 11 janvier 2009

Pour commencer

Le retour au travail en janvier s’accompagne des habituels vœux de bonne année que les bonnes manières nous obligent à adresser à nos collègues. Moi qui ne suis pas très à l’aise avec les démonstrations d’affection – du genre bisous à des gens que je connais très peu – je m’en suis sortie tout de même assez bien cette année. Les petits nouveaux sont nombreux et ce sang neuf nous fera certainement le plus grand bien. Cela dit, reprendre le travail n’est jamais facile, d’autant plus qu’il y avait de nombreux absents. Voyage d’affaires, arrêt de travail ou deuil dans la famille, autant de raisons qui obligent nos collègues à rejoindre la troupe un peu plus tard.

Avec la routine du travail, j’ai aussi repris la routine de l’entraînement plus régulier. Ça me fait le plus grand bien. Ma fille est chez son père (en principe, mais je présume qu’elle ne doit pas y être très souvent) depuis fin décembre, et cette pause parentale est plutôt reposante. Je l’ai vue la semaine dernière, elle profite de ses vacances pour voir ses amis et paresser un peu. J’ai l’intention de lui faire comprendre très bientôt qu’elle devra sérieusement se chercher un travail à temps partiel pour assumer une plus grande partie de ses dépenses. Pour l’instant, je la laisse profiter de ce répit.

Chaque début d’année s’accompagne inévitablement, en tout cas pour moi, d’une réflexion sur l’avenir et d’une analyse du présent. Ma situation au travail ressemble à celle que j’ai vécue il y a quelques années, juste avant ma séparation. Comme je suis l’adjointe d’une personne qui s’absente souvent à cause de problèmes de santé, j’écope inévitablement d’un surplus de travail. Ça, ça peut toujours aller. Mais là où je commence à avoir un problème, c’est dans l’absence de perspective à long terme. Vivre cette situation au jour le jour m’empêche d’organiser mon travail en ayant une vision définitive des tâches que je dois accomplir et des responsabilités qui y sont attachées. Si tel était le cas, je pourrais enfin établir mes priorités et déléguer les tâches que je considère « de trop » pour pouvoir me consacrer au développement de celles qu’on m’aura confiées. Autrement dit, mieux faire mon travail sans avoir toujours l’impression que je n’y arriverai jamais. Je suppose que dans quelques jours nous pourrons être fixés. D’ici là, j’espère tenir le coup.

Je rencontre la psychologue demain soir. Je sais que ça me fera du bien d’aller faire le point. Ensuite, on verra si ça vaut la peine de continuer ces rencontres chaque semaine. Mon entourage m’a beaucoup aidée. Mon chum, parce que je peux pleurer dans ses bras et me laisser aller; ma sœur, parce qu’à l’opposé de moi, c’est une mère qui sait se dissocier des problèmes de ses enfants tout en demeurant totalement à l’écoute; ma meilleure amie, parce que sa grande sagesse et sa sérénité m’ont permis de dissiper le nuage qui m’empêchait d’évaluer la situation avec justesse; mes collègues de travail, parce que je peux confier à certaines mes soucis familiaux et que je me sens appuyée; et tous mes amis, ceux et celles qui ne savent rien, parce que sans eux je n’aurais pas l’occasion de rire aussi souvent et surtout, de penser à autre chose.

Et l’avenir dans tout ça? Comme dirait l’autre, on n’en sait rien. Mais on peut espérer. Espérer que nos emplois seront sauvés dans cette crise économique qu’on nous annonce peu réjouissante. Espérer que nos valeurs prendront une nouvelle dimension, plus à l’échelle de l’humain que du matériel qui ne nous satisfait jamais. Espérer que le monde change, pour le mieux…