dimanche 15 août 2010

Petite et grande perte

Je suis accrochée à la nouvelle comme au dernier épisode d’une série policière. Je le vois partout, tous les hommes portent son visage. C’est une journée de mauvaises nouvelles, une journée de perte.

D’abord ma fille, ce matin, qui m’annonce au téléphone que son « chum l’a laissée ». Après six longues semaines de vie commune, voilà que le jeune premier annonce à la belle qu’il a choisi l’autre, celle qui travaillait fort pour reprendre sa place. Les amours interchangeables. Encore des larmes, encore des désillusions. Tellement triste.

Pendant qu’elle dort dans son lit d’enfant, épuisée d’avoir ramené tous ces sacs remplis de vêtements et surtout d’avoir passé une nuit blanche, moi je tape sur mon clavier pour oublier l’autre mauvaise nouvelle, bien pire encore.

Je l’avais perdu de vue depuis plusieurs années, mon petit lutin aux cheveux bleus. Je savais qu’il avait de grandes aspirations, une intelligence fine, une sensibilité bien trop grande pour ce que son cœur pouvait contenir. Puis, un jour, avec la magie de Facebook, j’ai retrouvé sa trace. Que de bonnes nouvelles il avait alors à m’annoncer. Que de fierté je ressentais devant ses réalisations des dernières années. Moi qui avais douté, un peu, de lui parce qu’il avait tendance à faire la fête bien plus qu’à penser à son avenir, je réalisais que je m’étais, heureusement, trompée. À l’aube de l’obtention de son diplôme de maîtrise, il avait réussi et atteint son but!

De temps en temps je regardais les photos sur sa page et je constatais qu’il semblait heureux et qu’il avait des centaines d’amis. Et moi, sa vieille ex collègue, j’étais trop timide pour renouer le contact. Je croyais que c’était bien comme ça. Aujourd’hui, comme tout le monde, je m’en veux de ne pas l’avoir fait. Je m’en veux de ne pas avoir été peut-être celle qui aurait entendu et vu, celle qui aurait prévenu.

Il ne lira jamais les messages qu’on lui a laissés sur sa page. Il ne saura jamais combien chacun regrette. Il ne saura jamais que je l’aimais un peu comme mon fils. Oui, c’est comme ça. J’ai perdu un ami, bien trop jeune pour fermer sa page…