vendredi 23 novembre 2007

Occupation double

Je suis préoccupée. Mon esprit est perturbé. J’ai trop de pensées qui trottent dans ma tête. J’ai terriblement hâte de m’arrêter. Et en même temps, je sais que je vais souffrir de ce grand vide qui prend place après cette période d’effervescence où tout va si vite.

Le père de mon amie prend du mieux. Elle est très attentive et généreuse envers lui. Elle lui consacre beaucoup de temps. Une collègue de travail vit actuellement une situation semblable. Son père sort du coma et reprend peu à peu conscience. Il respire avec l’aide d’un appareil, car son réflexe d’inspiration n’est pas rétabli. Il est attaché et branché à ce respirateur et à un tas d’autres appareils, mais il est en vie. Cet homme serait mort il y a quelques années, comme le père de mon amie le serait aussi.

La vie, c’est terriblement précieux.

Pourtant, certains vieillissent moins bien que d’autres. Le taux de suicide augmente chez les aînés et peu de gens semblent s’en soucier. Plusieurs sont isolés et s’ennuient. Certains vivent très pauvrement, particulièrement les femmes, comme cette dame dont les médias ont parlé récemment, à qui on refuse de verser une pension à laquelle elle a pourtant droit. C’est terriblement injuste et honteux que dans une société si riche des enfants et des vieillards vivent encore dans la pauvreté. C’est dans ces moments de haute période de consommation que je pense encore plus à eux.

Hier, l’entreprise pour laquelle je travaille a honoré les employés qui lui sont fidèles depuis plus de dix ans. Un geste qui mérite d’être souligné, car nous sommes plusieurs à faire partie de cette catégorie. Pour ma part, je compte 22 ans de service. C’est beaucoup. Je prépare ma sortie tranquillement, en terminant mon certificat entre autres, et en cotisant à mon REER. Je n’ai pas envie d’être pauvre à ma retraite. Je veux en profiter et vivre bien. Voyager, aider, donner. Les années filent et je sais que j’y arriverai.

D’ici là, je dois continuer à travailler pour terminer ma session. J’ai une idée d’article pour Sans parler, il faudra que je le rédige prochainement.

samedi 3 novembre 2007

Mes amies et moi

Chacune a sa vie. Différente. Des enfants, tous grands maintenant. Bientôt de petits-enfants certainement. Et aussi des parents vieillissants. Le père de mon amie vient de subir un accident vasculaire cérébral. Il est âgé de quatre-vingt-trois ans. L’an dernier, il a subi une chirurgie cardiaque qui lui a sauvé la vie. On le compare à un chat. Il a bien neuf vies celui-là. On lui a déjà diagnostiqué une leucémie. Il n’a jamais fait de chimiothérapie. La maladie s’est volatilisée. Le médecin n’a rien compris. Peu importe, c’est la volonté de vivre de cet homme qui l’a toujours sauvé.

Mais mon amie, aujourd’hui, voit l’esprit de son père s’en aller alors que son corps continue à rester ici. Il perd la tête, comme on dit. Et ça, ce n’est pas facile à vivre. Comme elle me le confiait tristement, nous sommes tous plus ou moins préparés à voir mourir nos parents, lorsqu’ils sont âgés. Mais personne n’est préparé à les voir devenir confus, perdus, incohérents, à les entendre divaguer, délirer, à constater qu’ils ne nous reconnaissent plus, que nous devenons des étrangers pour eux.

L’an dernier, j’ai longuement réfléchi à la pertinence d’opérer un homme aussi âgé, au risque de lui rendre une vie qui aurait perdu tellement de sa qualité qu’elle n’en vaudrait plus la peine. Mais je savais que cet homme tenait à la vie très fort, surtout parce qu’il ne voulait pas laisser sa conjointe toute seule. Elle aussi ne voulait pas le voir partir déjà…
Mais depuis cette intervention, il devient de plus en plus confus.

Mon amie veille son père à l’hôpital et y passe tout le temps qu’elle peut pour prendre soin de lui. Elle veille surtout à ce que les équipes médicales ne s’acharnent pas à le maintenir en vie coûte que coûte. Ils n’ont pas le choix, m’a-t-elle confié, ils doivent nous proposer toutes les interventions possibles et nous laisser décider. Son père refusait les traitements de chimiothérapie et, malgré une tumeur découverte récemment, mon amie a refusé le traitement proposé en son nom.

Mes parents sont décédés très rapidement. Mon père a succombé à une crise cardiaque pendant la nuit à l’âge de cinquante et un ans et ma mère est décédée d’un cancer quelques jours après son admission à l’hôpital. Je ne sais pas comment j’aurais réagi devant une situation semblable à celle que mon amie est en train de vivre. Je la trouve très courageuse et très dévouée.

Cette semaine, nous étions au restaurant mes amies et moi, et de revoir ces belles dames, à l’aube de la cinquantaine ou confortablement installée dans cette décennie, m’a fait le plus grand bien. C’était réconfortant et apaisant. J’aimerais les voir plus souvent. La vie nous joue des tours parfois et nous éloigne trop vite de ceux qu’on aime.