vendredi 31 décembre 2010

Fin d'année

Dernier jour de l’année. Hier, mon anniversaire m’a rendue, comme d’habitude, un peu nostalgique. J’ai pensé à ma sœur, qui nous a reçus chez elle le jour de Noël, malgré la grippe qui lui a soutiré ce qui lui restait d’énergie. Ma fille était malade aussi. Elle a passé la soirée emmitouflée sous les peaux de mouton à regarder la télé. Bien triste soirée de Noël où nous nous demandions si ce rituel était vraiment nécessaire. Tout comme cette tradition de nous rassembler les jours d’anniversaire. Le mien tombe un peu mal. Alors, c’est en tête à tête avec mon chum que j’ai soupé au restaurant hier soir, après quelques heures de magasinage, non pas pour moi, mais pour lui… Les temps changent.

Pendant le souper, j’ai reçu deux textos. Un de ma fille, qui était encore au centre-ville où elle suit un stage chez une jeune designer, une activité pas mal emballante pour elle, et l’autre de ma sœur, qui avait décliné l’invitation de venir souper avec nous à cause de sa grippe. Les deux me souhaitaient une bonne soirée! C’était bien suffisant pour me rendre ma bonne humeur et dissiper le petit nuage gris qui flottait au-dessus de ma tête.

Nous avons trop mangé. Les restaurants servent des portions gargantuesques et quand on est gourmand, on s’efforce de terminer nos assiettes. Ce qui, dans mon cas, n’a pas été possible. J’étais déjà rassasiée après l’entrée, mais je me suis tout de même rendue au dessert. Pas de chandelles sur la crème brûlée… Les traditions se perdent…

Je ne pensais pas trouver du temps aujourd’hui pour écrire quelques mots. J’aimerais bien me résoudre à écrire plus souvent, parce que ça m’oblige à réfléchir et à penser à moi. Ce n’est pas mauvais.

Je fais cuire ma dinde. J’adore la dinde. Ce sera un repas de fin d’année bien tranquille. Une bonne bouteille de vin partagée avec mon chum, un repas simple, pas trop lourd; des portions raisonnables cette fois-ci. Le dessert suivra plus tard dans la soirée. Rien de bien sophistiqué : un simple pudding au tapioca arrosé de sirop d’érable. Mais nous adorons ça, alors ça vaut bien tout le reste.

J’aimerais bien faire le vœu de simplicité pour l’an 2011. Me détacher lentement des objets pour me consacrer un peu plus à la création. Créer. C’est important et tellement valorisant. Et aussi, me rapprocher de mes amis. Leur consacrer plus de temps. C’est tellement enrichissant les humains quand ça veut! Bonne année à ceux et celles qui me lisent et ne vous gênez pas pour m’écrire, on pourrait devenir amis, qui sait?

samedi 25 décembre 2010

Retrouvailles

C’est Noël, et tout est silencieux dans la maison. Mis à part le curieux glouglou que produit notre système de chauffage. Mais j’ai tellement l’habitude que je ne l’entends presque plus. Dans quelques heures, je partirai avec mon chum et ma fille pour me rendre chez ma sœur. L’habituel réveillon. Même si nous avons retrouvé notre sœur aînée, elle ne sera pas avec nous. Elle a décidé de se séparer physiquement de sa famille depuis plus de dix ans maintenant.

Quand nous avons repris contact, je lui ai signifié par lettre que je respectais sa décision et que je lui faisais mes adieux. J’avais employé intentionnellement ce ton un peu solennel dans l’espoir de la faire réagir. Ça a marché! Elle m’a écrit et j’ai senti dans ses mots qu’elle avait besoin de garder le contact… mais de loin.

Ma sœur a toujours eu quelque chose dans sa tête, dans son comportement, dans sa manière d’être que je pourrais qualifier de « non conforme ». Elle aurait dû se faire soigner, se faire aider. Je n’ose pas imaginer les moments difficiles qu’elle a certainement traversés ces dernières années. D’une certaine manière, je pense que faire ce qu’elle a fait lui a sauvé la vie. Cette fuite, ce choix de vie hors norme caractérisent de nombreux sans-abri. Et elle en faisait partie. Je sais maintenant qu’elle est en vie. Elle a l’air heureuse. Elle me manque.

Hier, au téléphone, mon autre sœur me racontait ses difficultés dans sa relation avec son fils aîné. Je n’ai pas pu m’empêcher de les comparer aux miennes avec ma fille. Dans sa colère, elle exprimait son envie de claquer la porte. Et c’est ça, peut-être, qui nous caractérise, nous, les trois sœurs : notre envie de fuir. Je rêve du moment où nous nous retrouverons, les trois, pour en parler et essayer de comprendre.

Je ressens de plus en plus le besoin de retrouver les miens. C’est ce qui m’a poussée à renouer avec une amie que je n’ai pas vue depuis plus de trente ans! Nous étions inséparables au collège et nous passions des heures dans le local de musique (ou plutôt dans le corridor, à cause de l’écho) à jouer en duo, elle sur sa flûte traversière, moi sur ma flûte à bec. Des moments de pur bonheur où la musique remplaçait les mots. Car à l’époque, je n’étais pas très bavarde…

Nous avons échangé des courriels. Elle m’a annoncé qu’elle souffrait de la sclérose en plaques et qu’elle ne travaillait plus depuis déjà quelques années. Elle vit toujours avec le même homme depuis plus de quarante ans. J’ai très hâte de la revoir, et je me rends compte que j’en sais bien peu sur cette maladie.

Comme à chaque année, je manquerai de temps pendant ces vacances de Noël pour tout faire ce que j’ai envie de faire. Ma meilleure amie traverse une épreuve et j’aimerais bien la voir pour en parler. Mais j’attends qu’elle me fasse signe. Elle s’est réfugiée dans un silence qui m’inquiète, mais que je respecte.

L’année s’achève. Plus je vieillis et plus je réalise que le temps passe si vite. Moi qui ai toujours affirmé que le temps est une notion qui m’échappe… C’est peut-être pour le capturer que j’ai envie de ces retrouvailles.

samedi 4 décembre 2010

Hiver de force

Je n’aime pas tellement l’hiver. Mais avons-nous le choix? Ici, il fait froid la moitié de l’année, et plus je vieillis, plus j’ai envie de chaleur et de soleil. J’aimerais vivre ma retraite dans le Sud, au bord de la mer. Pas plus riche qu’il ne faut. Juste assez pour bien manger – et quand je dis bien, je veux dire sainement –, et pour ne pas avoir de soucis pour payer le loyer. Et bien sûr, être en santé. La maladie est la pire des fatalités. J’espère, je prie pour rester en santé et en forme pour le reste de ma vie.

Aujourd’hui, je peux affirmer que je ne me suis jamais sentie aussi en forme de toute ma vie. Même si j’ai toujours été active, j’avais une sorte de poids qui pesait sur mes épaules, constamment. Je me sentais souvent épuisée. Et cet épuisement me rendait terriblement maussade, triste, intolérante.

J’attribue cette nouvelle énergie à la réduction du stress. Le stress nous ronge quand on en est victime. Il faut le combattre à tout prix. Aussi, je reconnais plus facilement les agents agresseurs et je les évite désormais. J’ai appris à mieux vivre. C’est un peu ça vieillir en sagesse…

Alors je me sens mieux. Mais je rêve encore. J’écris moins, mais je pense souvent à ce que je devrais écrire. Une histoire, un roman, une pièce de théâtre, une chanson. Je sais que je devrais, je devrais. Mais ça n’arrive pas. Pour écrire, j’aurais besoin d’un espace différent. Dans mon petit appartement, quand je vivais seule avec ma fille, l’atmosphère était plus propice. Ici, la lumière, le bruit, la présence des autres m’empêchent d’entrer dans ma bulle. Cette bulle où je retrouve celle qui a besoin de s’exprimer.

Pas grave. Ça viendra bien un jour.

J’ai bien hâte aux vacances. Des dizaines de livres s’empilent sur ma table de chevet, dont celui d’Ingrid Betancourt. Je terminerai bientôt Mange, prie, aime, que je déguste à petite dose avant de m’endormir certains soirs. Je me suis offert l’édition de luxe des Fragments, de Marilyn Monroe. Que dire de ce livre? Dérangeant, certainement. Cette femme m’a toujours fascinée. Lire ces mots écrits de sa main, dans une langue poétique parfois maladroite (la traduction est parfaite), a quelque chose d’un peu gênant. Ces notes n’étaient pas destinées à être publiées. On se sent, inévitablement, un peu voyeur en parcourant ces pages. Est-ce vraiment utile?

J’ai assisté cette semaine à une formation sur le Web invisible. Très intéressant. Sûrement plus utile pour les journalistes, auxquels l’atelier s’adressait particulièrement. Mais je n’y ai pas perdu mon temps. Et quelque part, c’est un premier pas vers le retour aux études… Une idée qui ne m’est pas sortie de la tête. En bon capricorne, je prends mon temps, mais j’avance.

dimanche 24 octobre 2010

Mauvais temps

Après cette belle fin de semaine passée entre amies, où la complicité, les rires et les confidences autour des bons repas préparés dans la joie ont remplacé la routine habituelle, je me sens comme si j’étais rentrée d’un long voyage. Je ne reconnais plus le paysage, je ne sais plus trop ce que je fais là, dans cette drôle de vie.

Au travail, beaucoup de paroles et trop peu de changement. Les résistances sont fortes, personne ne veut bouger, tout doit rester comme avant. Même si rien ne va plus. Je commence à penser que je ne suis plus à ma place. Ni ici ni ailleurs.

Ma fille m’inquiète. Nos relations tendues des derniers jours lui font souhaiter de retourner vivre chez son père, pour prendre un peu ses distances face à une mère qu’elle considère trop sévère. Elle agit en bébé gâté et j’en ai un peu ma claque. Alors je baisse les bras. Tout ce que je donne tombe dans le vide. Elle prend, comme un bébé qui tète les seins de sa mère jusqu’à les épuiser. Mais le bébé porte tant d’amour dans son regard que la mère serait prête à aller au bout de son sang pour le nourrir. C’est ce que je fais; le regard de reconnaissance en moins. À sa place, des yeux noirs qui me reprochent d’être là, un regard que je ne comprends pas.

J’aimerais prendre le large. Partir, ne pas regarder ce que je laisse. J’aimerais briser toutes les attaches, rompre les liens, me libérer. J’aimerais fuir.

J’ai échoué, quelque part, je ne sais pas où. Mais j’ai échoué. Et pourtant, il me semble avoir fait tant d’efforts. Dieu que c’est compliqué! Je n’ai plus l’énergie suffisante pour chercher à comprendre. Je n’ai plus envie de chercher. Je ne trouve plus de réconfort. Je me suis rarement sentie aussi moche. Nulle. Rien.

Que dire de plus?

samedi 18 septembre 2010

Anxieuse anonyme

Je m’appelle Ophélie et je suis une anxieuse anonyme. Ouf! C’est loin d’être facile de reconnaître cette « maladie ». Mais c’est rassurant de savoir que tout le monde en souffre un peu. Selon le psychiatre Christrophe André, auteur entre autres de l’ouvrage Petites angoisses et grosses phobies, « Les tendances anxieuses sont présentes chez tout être humain […] ». L’anxiété servirait même à nous alerter d’un potentiel danger. Pas bête quand même.

Mais là où ça se complique, c’est quand l’anxiété prend le contrôle et vient à tout moment perturber notre vie. Quand tout devient sujet à inquiétude, que les soucis s’amplifient démesurément, que nos pensées sont constamment perturbées par des scénarios catastrophes. C’est ce qui m’arrive, je dois l’avouer, la plupart du temps.

Heureusement que j’ai un bon sens de l’humour et une certaine capacité d’autodérision. Quelques semaines de thérapie à mon actif me permettent aussi de mieux comprendre ce qui m’arrive. Aujourd’hui c’est un peu comme si j’avouais une « faiblesse » que j’ai toujours su bien cacher (sauf à ceux qui me sont très proches). Et je dois cette prise de conscience à mes gentilles collègues de travail qui, au cours de nos discussions à l’heure du lunch, ont abordé le sujet.

C’est plus facile de voir chez les autres ce qui cloche et de donner des conseils à quelqu’un qui vit une situation de stress que de plonger en soi à la recherche de ce qui nous empêche de vivre l’instant présent. Car les grands anxieux vivent dans l’anticipation. « Qu’arrivera-t-il si je fais ceci ou cela? S’il fallait que ma fille ne soit pas rentrée parce qu’elle a été kidnappée? » J’ai mal au ventre… mal à la tête… mal au cœur. Je suis impatiente, incapable de tolérer un retard, incapable d’envisager que je pourrais être en retard, incapable de relaxer. Je suis exigeante, intolérante, capricieuse.

Je n’ai jamais la tête tranquille. Mes pensées tourbillonnent constamment, j’imagine toujours le pire, j’essaie de tout prévoir et ça m’épuise. Toute cette énergie placée au mauvais endroit… Toutes ces douleurs dans mon cou, mes épaules, mon dos. Tout le poids de ces soucis inutiles que je dois constamment porter. Et l’incapacité de m’abandonner, de lâcher prise…

Pourtant tout va passablement bien. Rien ne devrait m’inquiéter. Je suis privilégiée et je devrais profiter de ce moment présent. Je devrais. Je dois. Je le ferai. Je le fais.

dimanche 15 août 2010

Petite et grande perte

Je suis accrochée à la nouvelle comme au dernier épisode d’une série policière. Je le vois partout, tous les hommes portent son visage. C’est une journée de mauvaises nouvelles, une journée de perte.

D’abord ma fille, ce matin, qui m’annonce au téléphone que son « chum l’a laissée ». Après six longues semaines de vie commune, voilà que le jeune premier annonce à la belle qu’il a choisi l’autre, celle qui travaillait fort pour reprendre sa place. Les amours interchangeables. Encore des larmes, encore des désillusions. Tellement triste.

Pendant qu’elle dort dans son lit d’enfant, épuisée d’avoir ramené tous ces sacs remplis de vêtements et surtout d’avoir passé une nuit blanche, moi je tape sur mon clavier pour oublier l’autre mauvaise nouvelle, bien pire encore.

Je l’avais perdu de vue depuis plusieurs années, mon petit lutin aux cheveux bleus. Je savais qu’il avait de grandes aspirations, une intelligence fine, une sensibilité bien trop grande pour ce que son cœur pouvait contenir. Puis, un jour, avec la magie de Facebook, j’ai retrouvé sa trace. Que de bonnes nouvelles il avait alors à m’annoncer. Que de fierté je ressentais devant ses réalisations des dernières années. Moi qui avais douté, un peu, de lui parce qu’il avait tendance à faire la fête bien plus qu’à penser à son avenir, je réalisais que je m’étais, heureusement, trompée. À l’aube de l’obtention de son diplôme de maîtrise, il avait réussi et atteint son but!

De temps en temps je regardais les photos sur sa page et je constatais qu’il semblait heureux et qu’il avait des centaines d’amis. Et moi, sa vieille ex collègue, j’étais trop timide pour renouer le contact. Je croyais que c’était bien comme ça. Aujourd’hui, comme tout le monde, je m’en veux de ne pas l’avoir fait. Je m’en veux de ne pas avoir été peut-être celle qui aurait entendu et vu, celle qui aurait prévenu.

Il ne lira jamais les messages qu’on lui a laissés sur sa page. Il ne saura jamais combien chacun regrette. Il ne saura jamais que je l’aimais un peu comme mon fils. Oui, c’est comme ça. J’ai perdu un ami, bien trop jeune pour fermer sa page…

mercredi 21 juillet 2010

Chez toi, chez moi, chez nous

Je passe des vacances reposantes à la maison. J’ai mis de l’ordre dans mes affaires, juste assez pour y voir plus clair. Et constater que j’accumule trop de papiers inutiles. J’ai encore de la difficulté à me résoudre à jeter. J’aime conserver les bons souvenirs. Déjà de simplement les dépoussiérer me déculpabilise un peu.

Je profite aussi de longs moments de solitude, chose qui ne m’arrive pas souvent. Vivre à deux a ses bons côtés, mais me prive de ces instants où le silence prend toute la place. Et j’ai toujours adoré le silence. J’ai quand même mis quelques jours à l’apprivoiser, car je m’en méfie un peu. Mais là, je n’ai rien à craindre. Il ne s’impose pas, il s’offre, simplement.

J’entends maintenant le tonnerre qui gronde. L’air frais pénètre par la fenêtre. Ça fait du bien. J’ai beaucoup pensé à ma fille aujourd’hui. Ça fait près d’une semaine que je ne l’ai pas vue. Elle travaille et a décidé d’emménager chez un ami au début du mois. En l’entendant dire « je m’en vais chez nous » l’autre jour, je n’ai pu m’empêcher de sourire.

Lorsqu’un couple se sépare, les enfants perdent ce « chez nous » qu’ils doivent très souvent remplacer par le « chez papa » et le « chez maman ». Même si j’ai tenté d’offrir à ma fille la stabilité qui lui permettrait de se sentir chez elle, je savais très bien que la garde partagée l’obligerait à s’adapter. En choisissant de vivre avec mon chum, il y a deux ans, j’ai réalisé que pour elle et lui, ce n’était pas si facile de partager le territoire. Ça s’est relativement bien passé, mais je comprends que ma fille ait envie de vivre ailleurs.

Je travaille fort sur le « lâcher prise » mettons. Parce que c’est loin d’être facile d’accepter qu’elle engloutisse autant d’argent pour payer loyer et nourriture, alors que je lui offre tout ça gratuitement. Le retour au cégep dans un mois l’obligera à revoir sa position. Pour l’instant, je prends ça comme une période de vacances… pour tout le monde.

samedi 10 juillet 2010

Déficit d'attention

Quand j’étais petite, rien n’était plus important que le regard que mes parents posaient sur moi. J’ai appris plus tard que c’est de ce regard que naît l’estime de soi. Ce n’est peut-être qu’une théorie parmi tant d’autres, mais j’y crois.

Dans un groupe, il peut m’arriver d’être très silencieuse, car les regards de plusieurs personnes posés sur moi m’intimident énormément. Toutefois, je remarque souvent que certaines personnes font tout ce qu’elles peuvent pour attirer sur elles ces regards, quitte à hausser le ton pour détourner l’attention. Je m’incline.

Par contre, en tête-à-tête, je suis beaucoup plus à l’aise. Car ce jeu-là, entre deux personnes, n’existe pas. Il n’est d’aucune utilité. J’observe néanmoins que certaines personnes, même dans un échange à deux, persistent à adopter un comportement irrespectueux : elles manquent d’écoute, coupent la parole, détournent la conversation à leur avantage. C’est navrant.

Ma chère fille connaît bien mes faiblesses et il lui arrive de me dire à la blague, comme si j’étais une petite fille, que « j’ai besoin d’attention ». Elle n’a pas tort. J’ai besoin, occasionnellement, qu’on m’écoute, qu’on me regarde, qu’on me porte attention.

Peut-être parce que j’ai terriblement manqué d’attention et que j’ai construit mon estime de moi-même non pas grâce au regard des autres, que je n’ai jamais vraiment sollicité, mais surtout par mes propres réalisations.

Mais j’ai encore des faiblesses. Il m’arrive de me mettre en colère lorsque quelqu’un refuse de m’écouter, oublie ce que je lui ai dit la veille, fait semblant d’être attentif mais a carrément la tête ailleurs. Là, la petite fille en moi se révolte et crie à l’injustice. Comme je ne suis plus une petite fille, je refoule ma colère et ma frustration, j’essaie de la contrôler. Je devrais peut-être frapper dans un mur ou briser quelque chose. C’est ce que je faisais avant. J’ai déjà brisé une fenêtre avec mon poing. Mais ça c’était dans une autre vie.

Il fait terriblement chaud et je dors mal. J’ai mal à la tête. Demain, je vais dîner avec mes vieilles copines, ça devrait me faire du bien.

samedi 3 juillet 2010

Voyager, écrire, lire, rêver

Les vacances sont vite passées, mais j’aurai la chance de profiter de deux autres semaines bien tranquilles pour refaire le plein. C’est que cette année, j’ai choisi de « couper la poire en deux », donc ne pas aligner quatre semaines de vacances, mais plutôt de les prendre deux par deux. Et j’aime bien. Parce que partir en voyage permet de faire vraiment le vide et de recharger les batteries. Et j’avoue que l’ambiance au travail, beaucoup moins stressante, me rassure suffisamment pour ne pas avoir besoin de m’éloigner très longtemps.

Donc, Tulum nous a charmés, mon copain et moi. Retrouver le site archéologique, que j’avais visité en 1980, m’a fait un petit quelque chose. L’endroit est magnifique. Rien à redire de l’hôtel où nous nous sommes sentis très gâtés. Nourriture excellente et variée, service attentionné et personnel toujours souriant, chambre confortable, site exceptionnel, plage de sable blanc juste assez grande pour nos promenades journalières, mer chaude où on se laisse bercer par les vagues… Que demander de plus?


Comme à chaque année, nous constatons qu’un séjour d’une semaine est bien court. Nous projetons donc une prolongation l’an prochain… Tout est possible.

Au retour, ma fille m’attendait pour m’annoncer qu’elle avait enfin trouvé un emploi d’été, ayant réussi à convaincre le patron du centième endroit où elle déposait un CV de la rappeler sans faute le lendemain et de l’engager! Et son pouvoir de persuasion a opéré. Ce n’est pas l’emploi du siècle, mais elle travaille et c’est ce qui compte pour l’instant. (Petite parenthèse ici pour partager un constat : les employeurs abusent honteusement des jeunes sans expérience, mais ceci fera l’objet d’un prochain dossier. Fin de la parenthèse.)

Je ne l’ai jamais vue aussi heureuse que depuis qu’elle a mis fin à cette relation amoureuse destructrice qui lui prenait toute son énergie. Et son sourire illumine enfin son visage.

Ah oui!, petite déception côté cirque. Le spectacle Totem ne nous a pas enchantés. Entendons-nous : les artistes sont excellents. C’est la mise en scène qui souffre. Et cet avis est partagé, si j’en juge pas les critiques du public que j’ai lues sur différents sites. Tellement que j’ai osé penser que Robert Lepage avait prêté son nom pour la promotion, mais qu’il n’y est pas pour grand-chose dans ce spectacle. Hum, passons.

J’ai des billets pour un autre spectacle, Cabaret, que j’ai bien hâte de voir. Il y a aussi quelques spectacles gratuits qui valent le déplacement. Juillet sera le mois du cirque.

Et dans ma tête, il y a quoi? Projet d’écriture, envie de retourner à l’université, d’écrire plus et mieux, d’avoir plus de temps, de lire, de rêver…

samedi 5 juin 2010

Hors ligne

Tout un mois sans écrire une ligne ici! C’est bien ma plus longue pause depuis que j’ai créé ce blogue. J’ai été fort occupée à régler et finaliser une succession (une tante décédée il y a trois ans), travail négligé honteusement par celui qui avait été nommé exécuteur. Ceci m’a permis de renouer avec un cousin que je n’avais pas revu depuis fort longtemps et que je connais très peu. Il faut dire que notre famille n’est pas très unie et c’est malheureux. Quoi qu’il en soit, à cette occasion, nous avons aussi retrouvé ma sœur aînée, celle de qui nous étions sans nouvelles depuis quelques années. Par choix, elle a rompu tous les liens avec sa famille, même avec son propre fils.

Le premier contact a été plutôt froid, mais c’est un début. Je lui ai écrit, elle m’a répondu. C’est déjà ça. J’ai tant de mal à comprendre pourquoi elle est partie. Je suppose que quelque chose dans sa tête ne fonctionne pas très bien et que, d’une certaine manière, s’inventer une nouvelle vie lui a permis de souffrir un peu moins. C’est une histoire à suivre.

Je me réfugie beaucoup dans la musique ces temps-ci. C’est ce qui m’apaise le plus. Ma fille a définitivement tiré un trait sur sa relation tumultueuse avec le monstre, ce jeune homme que je n’ai jamais réussi à comprendre et dont le comportement ne s’améliorait pas. Elle a enfin réalisé qu’elle ne l’aimait plus, ce qui a mis un terme à cette longue période de transition qui a duré plus d’un an. C’est comme ça. Ma psy me l’avait bien dit : « Elle doit prendre le temps qu’il faut pour se reconstruire avant de trouver la force de mettre le point final. » Elle a tellement souffert… Mais bon, c’est derrière nous. Et c’est une fille nouvelle que je retrouve, plus souriante, beaucoup moins stressée et plus vivante que jamais. Hosanna!

Je suis en vacances et nous partons pour le Mexique dans quelques jours, mon copain et moi. Il fera chaud, espérons qu’il fera beau. Lecture, détente, musique sur la plage, soupers en tête-à-tête et quelques verres de tequila!

Je ferai un effort pour être en ligne plus souvent.

jeudi 29 avril 2010

Sur pause

Un très très très vilain rhume a failli gâcher nos vacances. Les concerts de toux la nuit comme le jour, en duo, sont presque terminés, heureusement. Nous avons passé la semaine en ville, contrairement à notre habitude. Ce qui nous a permis de visiter l’exposition Haute couture à Québec et celle de Tiffany à Montréal. L’exposition à Québec nous a un peu déçus. La majorité des vêtements exposés étaient enfermés dans des cages de verre dont les reflets nous empêchaient d’apprécier les textures et les couleurs, et même dans certains cas les formes et les détails. Dans le guide, on pouvait lire que le dos d’une robe était un miracle d’ingéniosité, mais parce que le mannequin était adossé à un mur, il était impossible d’apprécier cet aspect. Frustrant. Ailleurs, la manche d’une robe mal ajustée sur le mannequin donnait l’impression qu’on avait négligé le travail. Décevant.




Du côté de Tiffany, c’est bien sûr la lumière naturelle et ses effets sur le verre qui manquaient. Par contre, les objets exposés étaient éblouissants.



Puis, en soirée, nous avant assisté à la pièce Les Belles-Sœurs, version musicale présentée au Théâtre d’aujourd’hui. Un pur plaisir. Je savais que la pièce avait reçu des critiques très élogieuses et même si autour de moi les gens paraissaient sceptiques, j’avais terriblement hâte d’assister au spectacle. Aucune déception. La grande complicité des comédiennes, leurs voix en harmonie, la mise en scène ingénieuse et bien rythmée de René-Richard Cyr et la musique expressive de Daniel Bélanger font de ce spectacle un événement que je n’aurais raté pour rien au monde.

En cette semaine où nous sommes passés de l’hiver au printemps d’une journée à l’autre, c’est l’été et sa chaleur que j’ai hâte de voir arriver. Parce que, comme la météo, je passe du chaud au froid d’heure en heure, et je ne sais plus où trouver mon point de confort.



Et puis, j’ai le cerveau en mode pause.

dimanche 28 mars 2010

Mais, mais, mais...

Nous avons eu une magnifique semaine sous le chaud soleil de Cuba, ma fille et moi. Toute une semaine à manger en tête-à-tête, à rigoler, à prendre un verre au piano-bar en blaguant avec le barman qui semblait charmé de voir la mère et la fille s’amuser autant. Toute une semaine à vivre au même rythme, sans se soucier de rien. Une semaine tellement en dehors de l’ordinaire que j’ai eu beaucoup de peine à m’en remettre. C’est-à-dire à me réadapter à la routine quotidienne où nous ne nous voyons pratiquement jamais ma fille et moi, où les repas sont pris à la hâte, où les heures filent sans qu’on ait l’impression de venir à bout de tout ce qu’on à faire. Et le temps gris et froid n’arrange rien.

Mais, mais, mais… je ne me plains pas. J’ai juste envie de repartir.

Le plus beau de l’histoire a été pour moi de constater que ma fille fait preuve d’une grande souplesse, qu’elle est attentive aux autres, très respectueuse et qu’elle a un humour savoureux. Je souhaite à tous les parents de s’accorder de tels moments. Nous avons eu le temps de prendre le temps. De dormir sur la plage, de plonger dans nos livres en soupirant de bien-être, de marcher, de jogger (dans le cas de ma fille), de siroter un café en milieu d’après-midi, de visiter les marchés aux puces et de prendre des tas de photos. Nous avons, surtout, eu le temps d’être ensemble.

Mais, mais, mais… la vie continue et les vacances ne sont pas éternelles.

Je n’écris presque plus, manque de temps et pas tellement envie, même si ça bourdonne dans ma tête. Le besoin est un peu moins pressant, mais je sais très bien que je devrais m’obliger à maintenir un certain rythme d’écriture. Principalement parce que l’exercice m’oblige à me connecter à moi. Et l’expérience me dit que c’est essentiel pour mon équilibre.

Le travail va bien. Rien à dire de ce côté.

Je devrais prendre exemple sur Dany Laferrière et toujours traîner un petit carnet sur moi pour noter mes idées. Et aussi mes rêves. Je sais que j’ai imaginé des personnages, une histoire, un début de quelque chose. Mais j’ai déjà perdu la connexion. Était-ce dans mon rêve?

J’ai vu le film Coco avant Chanel hier, et j’ai bien aimé. Même si on reste un peu sur notre faim. Il faut probablement lire une bonne biographie pour en savoir plus. Ou attendre la suite.

Sur la plage, j’ai lu 2 livres: 13 heures, de Deon Meyer, et Les chaussures italiennes, de Henning Mankell. Le premier, un roman policier où deux histoires se croisent, m’a tenu suffisamment en haleine pour que je le termine en quelques jours. Mais j’ai savouré bien plus l’histoire et la beauté de l’écriture du deuxième. Je n’ai pas envie d’en faire le compte rendu, mais je vous les recommande l’un comme l’autre.

Lire est un pur plaisir quand on a aucune limite de temps pour le faire, quand on peut déposer son livre quelques minutes pour fermer les yeux, dormir un peu, et s’éveiller pour y replonger. Ça frôle le sublime.

Mais, mais, mais… ce n’est qu’en vacances qu’on peut se permettre ça.

lundi 8 mars 2010

Préoccupations doubles

J’ai certainement l’air d’avoir abandonné mon journal. Ce n’est pas le cas. Si peu de temps pour écrire. Si peu de temps pour me recueillir. Si peu de temps pour ne penser qu’à moi.

Bon, je sais bien que c’est récurrent et que je n’annonce rien de nouveau dans ces affirmations. Je suis bien occupée. Et passablement préoccupée. Préoccupée par mon filleul, jeune père sur le point de se séparer et qui semble tenté de céder au découragement. Oh! que je le comprends. Ma séparation n’a pas eu lieu aussi tôt dans la vie de ma fille, mais elle demeure une expérience que je sais partager.

Nous nous verrons peut-être plus jamais sa « future ex ». Elle perdra ce côté de la famille qui, sans la rejeter totalement, ne semble pas accueillir d’un bon œil cette décision si hâtive dans la vie de cette jeune famille. J’ai été privilégiée de ne pas être rejetée par ma belle-famille. Je ne me suis jamais sentie exclue, encore moins condamnée. Ça aide à se relever.

Je n’ose pas intervenir ni d’un côté ni de l’autre. Le temps fera son œuvre et amoindrira le choc. La petite, si mignonne, sera toujours là pour nous rappeler que c’est elle qui compte avant tout.

Dans ma petite vie à moi, il y a ce voyage avec ma fille qui se prépare. Les valises ne sont pas encore bouclées, même si nous partons samedi prochain. Je l’emmène une semaine à Cuba. Ça n’a pas été un coup de tête, mais presque. Je préparais le terrain depuis décembre dernier, jugeant qu’elle avait besoin de ces vacances et que la semaine de relâche représentait une opportunité facile à saisir. Elle semble ravie. Je la connais, elle passera cette semaine dans la mer et reviendra toute ratatinée, mais radieuse…

Je n’ai pas réussi à éviter le vilain rhume qui s’est invité dans la maison. Mon copain s’est chargé de me transmettre généreusement le virus. Heureusement qu’il faisait beau en fin de semaine, nous avons marché beaucoup à l’extérieur, ce qui a permis à mes voies nasales obstruées de se dégager rapidement. Je pense que dès demain, ce rhume ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

Alors, mon copain me fait un peu la baboune, car il ne nous accompagnera pas. C’est un voyage de filles! Qu’à cela ne tienne, nous partons au Mexique en juin, lui et moi. Ce sera pour lui son premier voyage au Mexique, le troisième pour moi. Je suis certaine qu’il va adorer.

J’ai grand besoin de ces vacances. Même si le printemps hâtif et les belles journées ensoleillées me permettent de me sentir un peu moins déprimée, j’ai terriblement hâte de ne plus voir ce gris et de retrouver la mer…

dimanche 31 janvier 2010

Désunions


Autour du moi, des unions se brisent. Je ne peux pas juger, je ne peux pas aider, je ne peux pas commenter. D’un côté comme de l’autre, de très jeunes enfants subiront, malgré eux, les contrecoups de tout ce qu’implique une séparation. Je ne sais pas si c’est pire que de vivre un deuil, comme je l’ai vécu très jeune. Je pense que tous les enfants espèrent que leurs parents demeurent unis pour la vie.

J’ai des amies qui ont vécu avec des hommes qui avaient des enfants d’une première union, et qui ont vécu une séparation. Se séparer des enfants d’un autre, d’enfants qui ne vous sont pas liés par le sang, semble être très difficile à vivre également. Alors on se demande pourquoi, mais on sait que ceci arrive de plus en plus. Réflexion sur l’amour et le sens des responsabilités…

Le père de ma fille a décidé de déménager avec sa copine. Ma fille « perd » sa chambre chez son père, puisqu’il ne semble pas avoir pensé à ce détail. Cette dame a une maison, mais pas de chambre en trop. On peut penser que ce geste n’a pas de conséquence, puisque ma fille habite avec moi « à plein temps » maintenant, mais elle aimait bien visiter son père et retrouver cette chambre qui lui était réservée. Le manque d’élégance dont il a fait preuve en laissant sur notre galerie, sans prévenir, des « sacs verts » et des boîtes remplis de vêtements et d’objets personnels qu’elle avait laissés dans cette chambre m’a profondément choquée. Faut-il excuser ce geste? Je n’ai pas envie de lui faire encore des reproches. Et je pense que ma fille ne lui en veut pas non plus pour ça.

Mais c’est un geste symbolique.

C’est vraiment difficile d’aimer et de faire le bon choix. Les enfants souffrent quand les parents se séparent, les parents souffrent aussi. Tout le monde souffre.

Quelqu’un a-t-il le pouvoir de changer ça?

lundi 11 janvier 2010

En famille

Je suis sensible à ce que vivent les autres. À un point tel que parfois, ce trait de ma personnalité me force à m’interroger sur les choix que j’ai fait dans ma vie. Comme celui d’être mère. C’est difficile. C’est égoïste. C’est déchirant.

Autour d’une table, samedi dernier, j’observais les membres de la famille de mon chum. Ses frères et leurs conjointes, sa sœur et son conjoint. Une table d’adultes, disions-nous à la blague, même si les enfants sont grands. Ils n’étaient pas conviés à ce dîner, simplement parce que réunir autant de personnes est devenu compliqué et, avouons-le, très coûteux.

Des anecdotes où chacun racontait sa version d’un fait, provoquant à certains moments des discussions sur les détails, soulevant des objections, remuant des souvenirs qui, pour les uns, semblaient meilleurs que pour les autres. Et les conjoints et conjointes demeuraient silencieux. Cette famille, comme d’autres familles, a des comptes à régler avec son passé.

Quelques jours plus tôt, juste un peu avant Noël, je participais à une autre fête familiale, cette fois-ci avec la famille du père de ma fille. Une belle et grande famille, réunie à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de mon ex belle-mère, pour qui j’ai énormément d’affection. J’avais demandé à mon copain de m’accompagner, à la fois parce que je souhaitais qu’il rencontre cette femme exceptionnelle, et aussi parce que je tenais à ce qu’il prenne des photos en souvenir de cet événement. C’était d’ailleurs le cadeau que je voulais lui offrir : un album de photos sous forme de livre, que j’ai commandé sur ce site. Elle était ravie.

Je suis toujours très touchée de l’attention qu’elle me porte. Elle ne m’a jamais reproché de m’être séparée de son fils, et ne m’a même jamais questionnée à ce sujet. Cette femme, qui a élevé cinq enfants en travaillant, a toujours suscité mon admiration. Sa sagesse, sa grande simplicité et surtout son immense générosité font d’elle une personne d’exception. « Une sainte femme! », comme je le dis souvent à ma fille.

Deux familles bien différentes, que j’ai le bonheur de côtoyer à l’occasion, trop rarement devrais-je dire. J’aime observer ces gens. Des personnages qui stimulent mon imagination. J’aime les écouter.

Ma petite famille est bien différente de celles-là. Nous sommes orphelines et sans nouvelles de ma sœur aînée qui erre quelque part et qui refuse de prendre contact avec nous. Des problèmes de santé mentale qui auraient dû être soignés, ou au moins diagnostiqués il y a longtemps. Ma fille unique n’a pas ce qu’on appelle « l’esprit de famille » non plus. Elle s’enferme la plupart du temps dans sa chambre, et parfois je me demande si cette attitude ne démontre pas, dans un certain sens, qu’elle ne veut pas vraiment vivre avec nous.

Sa peine qui s’éternise à cause d’une relation amoureuse sans issue et qui s’envenime de jour en jour me pèse. Je ne sais plus comment l’aider, quoi lui dire, que faire. Je me sens inutile et démunie. Et je reviens au début.

dimanche 10 janvier 2010

Le sourire de Lhasa


Photo: Ivanoh Demers, La Presse


Un article paru dans une revue, au moment de la sortie du troisième album de Lhasa de Sela, révélait que la chanteuse traversait une période difficile. L’article n’en disait pas plus, mais j’avais compris à ce moment-là que l’artiste demeurait discrète et souhaitait qu’on ne s’étende pas sur le sujet de cette maladie qu’elle combattait.

La nouvelle de son décès a provoqué chez moi un long moment de réflexion et de recueillement en silence. Puis, le seul mot qui me soit venu à l’esprit fut : Pourquoi?

Le cancer du sein est une maladie dont on parle beaucoup, dont on a beaucoup parlé et dont on parlera certainement encore beaucoup. Si plusieurs femmes y survivent, plusieurs en meurent encore aujourd’hui. Et toutes les femmes, sans exception, ont peur que cela leur arrive un jour.

Lhasa de Sela n’a pas parlé de sa maladie en public. Elle n’a pas mené son combat en faisant la une des magazines. Et curieusement, lorsqu’on regarde comment les médias ont traité la nouvelle, j’éprouve un sentiment que j’éprouve souvent en lisant les journaux : la honte.

J’ai honte de voir à quel point les journalistes et le public se sont renvoyé la balle pour s’insulter avec mépris autour de cet événement qui aurait dû provoquer la réflexion et être traité dans le respect. J’ai honte qu’on permette à des gens de s’exprimer sur les ondes de la radio pour dire des idioties et qu’en plus il y ait un public pour applaudir la médiocrité. J’ai honte qu’on puisse encore aujourd’hui entendre et lire des réflexions insensées, des insolences, des jugements gratuits. J’ai honte du manque de culture qu’on glorifie, et du nivellement par le bas qui est en voie de devenir la norme. J’ai honte du laisser-aller, de l’hypocrisie, du manque de rigueur.

Si l’attention médiatique n’avait pas été essentiellement dirigée sur ce qu’a dit l’un, ce qu’a fait ou n’a pas fait l’autre, ce qu’a écrit l’un et ce qu’a répondu l’autre, on aurait peut-être rendu hommage à cette artiste, comme elle l’a mérité. Et on aurait pu, avec la famille, faire notre deuil en silence, en écoutant Lhasa nous bercer et en fixant dans nos mémoires l’image de cette chanteuse vivante, souriante et merveilleusement chaleureuse.