Ma première pensée juste avant de me lever ce matin : il me reste 4 jours de vacances, en incluant la fin de semaine. Deux semaines à la maison, seule, m’auront permis de refaire le plein d’énergie et surtout de ce silence qui me manque tant. Le temps de me retrouver, d’apprivoiser le vide sans essayer de le remplir. Laisser entrer la mélancolie, la tristesse, l’ennui. Car il y a en effet un peu de tout ça dans ma vie, et ça n’a rien d’exceptionnel, j’en suis bien consciente.
Je n’ai pas commencé à peindre les murs de la chambre de ma fille, comme j’avais prévu de le faire. Il y a encore des meubles à déménager. Bien que j’aie avisé son père plusieurs jours à l’avance, dans l’espoir qu’il allait trouver du temps pour me rendre ce service, personne ne s’est manifesté. Et je n’avais pas envie de relancer. Peut-être que je n’ai pas envie tant que ça de voir disparaître les dernières traces du passage de ma fille dans cette chambre qu’elle a massacrée à sa manière pour qu’elle ressemble à autre chose qu’à une chambre de petite fille. Et puis, les vacances doivent-elles réellement servir à faire du ménage? Pas vraiment.
Bref, ces quelques jours qui me restent seront probablement semblables aux précédents. Pas trop planifiés, improvisés, relaxants et plaisants. Hier, je me suis payé un soin esthétique et un message. L’entraînement au gym qui a suivi m’a permis d’éliminer rapidement les toxines dont la libération a certainement été favorisée par le massage. Au retour, ma fille était à la maison en train d’envahir mon territoire comme elle sait si bien le faire. Ma chère fille. Même à 20 ans, elle n’a pas encore appris à recevoir un « non » comme réponse sans rouspéter comme une adolescente. Et moi, je me sens encore coupable d’imposer des limites, comme si j’avais encore besoin de cet amour filial inconditionnel pour me prouver que je suis une bonne mère. L’amour inconditionnel existe-t-il vraiment?
Chose certaine, plus j’avance en âge et plus j’accepte et je comprends que l’attachement, comme disent les bouddhistes, est une source de tristesse bien plus qu’une fontaine de joie. Et que plus je porte attention aux sentiments éprouvés dans certaines situations – quand on me manque de respect par exemple –, plus je me sens régresser. Travailler sur le détachement implique qu’on soit capable de laisser s’envoler ces sentiments « négatifs » avant qu’ils ne s’ancrent profondément et créent des dommages plus graves.
Alors j’ai appris à créer de la diversion sur le moment. En général, ça marche, car si ma fille se met vite en colère pour des niaiseries, elle sait aussi passer à autre chose rapidement sans faire de drame. Mais comme moi, elle est intense et n’aime pas qu’on lui barre le chemin. Voilà probablement pourquoi le courant électrique entre nous crée des flammèches…
Bon, ici et maintenant, je me prépare à changer de tête. Je ne sais pas trop ce que je vais faire. J’ai négligé mes cheveux depuis les vacances à Cuba et plus ma tignasse allonge, plus je me sens indécise. Tout ce que je veux c’est me sentir mieux!