samedi 19 février 2011

Respirer

J’ai vu mon médecin cette semaine. Rendez-vous annuel habituellement expédié en vitesse par le doc; cette fois-ci, je l’ai senti ouvert, calme, disponible. Il avait même relu mon dossier et pris connaissance des résultats des tests que j’avais subis l’an dernier. Examens sanguins de routine et coloscopie. Tout était beau.

Je suis sortie ravie de ce bref échange qui m’a rassurée à tout point de vue. Parce qu’avoir la chance d’être suivie pas un médecin de famille, comme je le suis, n’est pas donné à tout le monde. Aussi bien se sentir en confiance et entre bonnes mains!

Je suis donc en bonne santé (je ne dis pas parfaite, parce qu’il y a toujours place à l’amélioration). Je continue à fréquenter régulièrement une massothérapeute et j’ai également consulté un ostéopathe pour régler un problème de douleurs aux articulations. J’ai été ravie des traitements que j’ai reçus et vite soulagée. Alors voilà pour le corps, parlons maintenant de l’esprit…

Je ne change pas. J’aspire toujours à un degré d’évolution que je n’ai pas encore atteint. Disons que j’espère nourrir mon âme et que je n’ai pas trouvé l’épicerie. Drôle d’image, mais bon, c’est celle qui me vient à l’esprit. Évolution peut paraître prétentieux. Je pourrais dire que je cherche l’inspiration, la plénitude, l’abandon. Je cherche à équilibrer ma vie pour que ce côté de moi puisse trouver une satisfaction. Je n’ai pas trouvé. Pas encore.

Pareil pour mes lectures. J’entends souvent les gens autour de moi se pâmer pour tel ou tel livre, encenser un auteur. Je n’arrive pas, et de depuis longtemps, à ressentir autre chose que ce qu’on ressent quand on regarde un bon film : la sensation d’avoir été distrait, diverti pendant quelques heures. Je ne ressens pas l’émotion que je recherche, la révélation. Je suis blasée. Comme c’est triste.

On soulignera bientôt mes vingt-cinq ans de service chez mon employeur. En fait, j’entame ma vingt-sixième année. La moitié de ma vie. C’est bizarre. Je ne m’ennuie pas. Il faut croire que de ce côté, je n’aime pas le changement.

Récemment, j’ai revue une ancienne copine avec qui j’ai fait mes études au cégep. Retrouvée grâce à un site bien connu. Nous ne nous étions pas revues depuis plus de trente ans. Nous nous sommes rencontrées dans un petit café et elle m’a raconté. Elle souffre de sclérose en plaques, une maladie que je connaissais très peu. Elle m’a expliqué. Elle a encore des étincelles dans les yeux, dans ses beaux yeux bleus qui se remplissent de larmes lorsqu’elle parle de son conjoint qui la soutient et sans qui elle n’aurait pas pu accepter cette maladie si sereinement.

Sa vie, avec la maladie, et la mienne, en santé, n’ont plus le même sens que lorsque nous avions dix-huit ans et que notre avenir se dessinait petit à petit. Et pourtant, nous nous sommes senties toutes les deux comme les jeunes filles que nous étions à l’époque : entre nous, rien n’était compliqué et les fous rires étaient nombreux.

Mon ostéopathe m’a recommandé de respirer. Je sais que je respire à demi. Mon chum me dit que la nuit, je cesse parfois de respirer. Est-ce possible? Mon doc m’a demandé de respirer profondément pour écouter mes poumons. J’aimerais bien écouter mes poumons un de ces jours. Peut-être qu’ils me remercieraient d’avoir cessé de fumer…

La tête me tourne quand je respire profondément.

Ce soir, j’assiste à un concert. Une chanteuse d’opéra qui devra certainement bien respirer pour tenir le coup toute seule devant un orchestre. Je devrais peut-être me remettre à chanter…