dimanche 31 janvier 2010

Désunions


Autour du moi, des unions se brisent. Je ne peux pas juger, je ne peux pas aider, je ne peux pas commenter. D’un côté comme de l’autre, de très jeunes enfants subiront, malgré eux, les contrecoups de tout ce qu’implique une séparation. Je ne sais pas si c’est pire que de vivre un deuil, comme je l’ai vécu très jeune. Je pense que tous les enfants espèrent que leurs parents demeurent unis pour la vie.

J’ai des amies qui ont vécu avec des hommes qui avaient des enfants d’une première union, et qui ont vécu une séparation. Se séparer des enfants d’un autre, d’enfants qui ne vous sont pas liés par le sang, semble être très difficile à vivre également. Alors on se demande pourquoi, mais on sait que ceci arrive de plus en plus. Réflexion sur l’amour et le sens des responsabilités…

Le père de ma fille a décidé de déménager avec sa copine. Ma fille « perd » sa chambre chez son père, puisqu’il ne semble pas avoir pensé à ce détail. Cette dame a une maison, mais pas de chambre en trop. On peut penser que ce geste n’a pas de conséquence, puisque ma fille habite avec moi « à plein temps » maintenant, mais elle aimait bien visiter son père et retrouver cette chambre qui lui était réservée. Le manque d’élégance dont il a fait preuve en laissant sur notre galerie, sans prévenir, des « sacs verts » et des boîtes remplis de vêtements et d’objets personnels qu’elle avait laissés dans cette chambre m’a profondément choquée. Faut-il excuser ce geste? Je n’ai pas envie de lui faire encore des reproches. Et je pense que ma fille ne lui en veut pas non plus pour ça.

Mais c’est un geste symbolique.

C’est vraiment difficile d’aimer et de faire le bon choix. Les enfants souffrent quand les parents se séparent, les parents souffrent aussi. Tout le monde souffre.

Quelqu’un a-t-il le pouvoir de changer ça?

lundi 11 janvier 2010

En famille

Je suis sensible à ce que vivent les autres. À un point tel que parfois, ce trait de ma personnalité me force à m’interroger sur les choix que j’ai fait dans ma vie. Comme celui d’être mère. C’est difficile. C’est égoïste. C’est déchirant.

Autour d’une table, samedi dernier, j’observais les membres de la famille de mon chum. Ses frères et leurs conjointes, sa sœur et son conjoint. Une table d’adultes, disions-nous à la blague, même si les enfants sont grands. Ils n’étaient pas conviés à ce dîner, simplement parce que réunir autant de personnes est devenu compliqué et, avouons-le, très coûteux.

Des anecdotes où chacun racontait sa version d’un fait, provoquant à certains moments des discussions sur les détails, soulevant des objections, remuant des souvenirs qui, pour les uns, semblaient meilleurs que pour les autres. Et les conjoints et conjointes demeuraient silencieux. Cette famille, comme d’autres familles, a des comptes à régler avec son passé.

Quelques jours plus tôt, juste un peu avant Noël, je participais à une autre fête familiale, cette fois-ci avec la famille du père de ma fille. Une belle et grande famille, réunie à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de mon ex belle-mère, pour qui j’ai énormément d’affection. J’avais demandé à mon copain de m’accompagner, à la fois parce que je souhaitais qu’il rencontre cette femme exceptionnelle, et aussi parce que je tenais à ce qu’il prenne des photos en souvenir de cet événement. C’était d’ailleurs le cadeau que je voulais lui offrir : un album de photos sous forme de livre, que j’ai commandé sur ce site. Elle était ravie.

Je suis toujours très touchée de l’attention qu’elle me porte. Elle ne m’a jamais reproché de m’être séparée de son fils, et ne m’a même jamais questionnée à ce sujet. Cette femme, qui a élevé cinq enfants en travaillant, a toujours suscité mon admiration. Sa sagesse, sa grande simplicité et surtout son immense générosité font d’elle une personne d’exception. « Une sainte femme! », comme je le dis souvent à ma fille.

Deux familles bien différentes, que j’ai le bonheur de côtoyer à l’occasion, trop rarement devrais-je dire. J’aime observer ces gens. Des personnages qui stimulent mon imagination. J’aime les écouter.

Ma petite famille est bien différente de celles-là. Nous sommes orphelines et sans nouvelles de ma sœur aînée qui erre quelque part et qui refuse de prendre contact avec nous. Des problèmes de santé mentale qui auraient dû être soignés, ou au moins diagnostiqués il y a longtemps. Ma fille unique n’a pas ce qu’on appelle « l’esprit de famille » non plus. Elle s’enferme la plupart du temps dans sa chambre, et parfois je me demande si cette attitude ne démontre pas, dans un certain sens, qu’elle ne veut pas vraiment vivre avec nous.

Sa peine qui s’éternise à cause d’une relation amoureuse sans issue et qui s’envenime de jour en jour me pèse. Je ne sais plus comment l’aider, quoi lui dire, que faire. Je me sens inutile et démunie. Et je reviens au début.

dimanche 10 janvier 2010

Le sourire de Lhasa


Photo: Ivanoh Demers, La Presse


Un article paru dans une revue, au moment de la sortie du troisième album de Lhasa de Sela, révélait que la chanteuse traversait une période difficile. L’article n’en disait pas plus, mais j’avais compris à ce moment-là que l’artiste demeurait discrète et souhaitait qu’on ne s’étende pas sur le sujet de cette maladie qu’elle combattait.

La nouvelle de son décès a provoqué chez moi un long moment de réflexion et de recueillement en silence. Puis, le seul mot qui me soit venu à l’esprit fut : Pourquoi?

Le cancer du sein est une maladie dont on parle beaucoup, dont on a beaucoup parlé et dont on parlera certainement encore beaucoup. Si plusieurs femmes y survivent, plusieurs en meurent encore aujourd’hui. Et toutes les femmes, sans exception, ont peur que cela leur arrive un jour.

Lhasa de Sela n’a pas parlé de sa maladie en public. Elle n’a pas mené son combat en faisant la une des magazines. Et curieusement, lorsqu’on regarde comment les médias ont traité la nouvelle, j’éprouve un sentiment que j’éprouve souvent en lisant les journaux : la honte.

J’ai honte de voir à quel point les journalistes et le public se sont renvoyé la balle pour s’insulter avec mépris autour de cet événement qui aurait dû provoquer la réflexion et être traité dans le respect. J’ai honte qu’on permette à des gens de s’exprimer sur les ondes de la radio pour dire des idioties et qu’en plus il y ait un public pour applaudir la médiocrité. J’ai honte qu’on puisse encore aujourd’hui entendre et lire des réflexions insensées, des insolences, des jugements gratuits. J’ai honte du manque de culture qu’on glorifie, et du nivellement par le bas qui est en voie de devenir la norme. J’ai honte du laisser-aller, de l’hypocrisie, du manque de rigueur.

Si l’attention médiatique n’avait pas été essentiellement dirigée sur ce qu’a dit l’un, ce qu’a fait ou n’a pas fait l’autre, ce qu’a écrit l’un et ce qu’a répondu l’autre, on aurait peut-être rendu hommage à cette artiste, comme elle l’a mérité. Et on aurait pu, avec la famille, faire notre deuil en silence, en écoutant Lhasa nous bercer et en fixant dans nos mémoires l’image de cette chanteuse vivante, souriante et merveilleusement chaleureuse.